Partout dans le monde, colère après la sanglante répression à Marikana

Partout dans le monde, la sanglante répression des ouvriers de la Mine de Marikana par la police sud-africaine le 16 août a provoqué la consternation et la révolte des militant(e)s ouvriers.

C’est bien entendu en Afrique du Sud d’abord que cette colère s’est immédiatement manifestée. Sur le site de la mine de Marikana, ni la répression sanglante ni les menaces de licenciements des grévistes n’ont mis fin à la grève. Au contraire, deux autres mines de platine se sont aussi mises en grève dès le et le vendredi 17 août, lendemain du massacre, des centaines de femmes ont manifesté à Marikana contre les violences policières qui ont assassiné leurs maris et leurs fils. Les organisations anarchistes sud-africaines (Tokologo Anarchist Collective, Zabalaza Anarchist Communist Front et Inkululeko Wits Anarchist Collective) ont immédiatement condamné le massacre dans un communiqué « L’ANC se démasque, des travailleurs assassinés » ; Ayanda Kota, porte-parole du Mouvement des Chômeurs (Unemployed People’s Movement) à Grahamstown a dénoncé « une monumentale escalade de la guerre contre les pauvres » et au nom du mouvement Abahlali baseMjondolo, mouvement des mal-logés des bidonvilles, Bandile Mdlalose, a déclaré : « Maintenant que les grévistes de Marikana ont été tués, ils en parlent comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, alors qu’en fait c’est une catastrophe politique perpétrée par les capitalistes et les politiciens. Allons-nous rester les bras croisés et regarder chacun de nos mouvements se faire écraser un par un ? Combien d’entre nous doivent mourir avant que nous soyons reconnus et inclus dans la société ? Combien d’entre nous doivent mourir avant que la terre et la richesse soit équitablement partagées et que chacun ait son mot à dire dans toutes les décisions qui le concernent ? Quand les opprimés se lèveront-ils et parleront-ils d’une seule voix ?« . Le groupe d’obédience trotskiste Democratic Socialist Movment a lui publié une déclaration dès le 17 août appelant à la grève générale dans toutes les mines du nord-ouest du pays (voir le texte en anglais).

Si la bureaucratie de la COSATU, le principal syndicat d’Afrique du Sud, lié à l’ANC au pouvoir, n’a déploré les victimes de la répression en en parlant « comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle » et en dénonçant également les militants ouvriers qui ont lancé la grève contre l’avis des bureaucrates de la COSATU, des syndicats membres de cette confédération ont dénoncé de façon bien plus claire que les bureaucrates nationaux la sanglante répression. C’est le cas par exemple du South African Municipal Workers Union (Syndicat Sud-Africain des Travailleurs Municipaux qui, dans une déclaration, affirme que l’assassinat d’ouvriers « quelque soit le syndicat auquel ils adhérent, leurs revendications et les méthodes utilisées dans leur lutte, est une agression scandaleuse contre l’ensemble de la classe ouvrière et en particulier contre les travailleurs organisés » (voir la déclaration en anglais).

Dans la Namibie voisine, le Marxist Study Group (Groupe d’études marxistes) a dénoncé dans un communiqué la répression policière et la complicité des réformistes de la COSATU et rappelé la nature anti-ouvrière des institutions répressives comme la police et l’armée. Le communiqué se termine en appelant à l’unité « au-delà des frontières » et à « la solidarité de toute la classe ouvrière du sud de l’Afrique et du monde » (voir le communiqué en anglais).

Toujours pour l’Afrique, on peut noter que la pétition « Nous condamnons le massacre brutal des mineurs de Marikana par la police » (pétition à signer ici en anglais) a été entre autre signé par des militants syndicalistes du Maroc, du Sénégal ou du Bénin. L’UGTT, pour la Tunisie, a appelé dans un communiqué « les syndicats du monde à dénoncer ce carnage qui rappelle l’oppression vécue sous le régime d’apartheid« .

En Asie, peu après la nouvelle du massacre, un rassemblement a été organisé à Tel Aviv en Israël. Quelques images du rassemblement organisé à Tel Aviv par la section israélienne du Comité pour une Internationale Ouvrière :

En Iran, au delà des déclarations dénonçant la répression à Marikana venant de la plupart des organisations politiques se réclamant de la classe ouvrière, comme par exemple le Parti Communiste-Ouvrier d’Iran (voir une des déclarations en farsi et la page spéciale du PCOI sur le massacre de Marikana) ou du PUCO (voir une déclaration en français), on notera la déclaration d’un groupe de militants ouvriers emprisonnés (dont Saeed Jalali, Reza Shahabi, et Behnam Ebrahimzadeh) à la section 350 de la prison d’Evin de Téhéran en solidarité avec les mineurs assassinés par les forces de répression à Marikana (voir la déclaration en farsi). Le Syndicat de la Métallurgie et de l’Electricité de Kermanshah, le Syndicat des Ouvriers électriciens de la Construction et des militants ouvriers de Sanandaj et de Kamyaran ont également publié une déclaration affirmant leur solidarité avec les mineurs d’Afrique du Sud et dénonçant la répression. Le Syndicat Libre des Ouvriers Iraniens a également apporté sa solidarité aux mineurs d’Afrique du Sud et réclame que les responsables du massacre de Marikana soit jugés (voir le communiqué en farsi).

Pour l’Océanie, c’est dès le 18 août qu’une manifestation était organisée en direction du consulat sud-africain à Auckland en Nouvelle-Zélande. Le consulat sud-africain a été aspergé de peinture rouge pour symboliser le sang des mineurs tombés sous les balles de la répression policière.

Consulat sud-africain d’Auckland le 18 août

Vidéos de la manifestation du 18 août à Auckland :

En Amérique, que ce soit au sud ou au nord, de très nombreuses organisations ouvrières ont affirmé leur solidarité avec les mineurs sud-africains et dénoncé la répression. Au Chili par exemple, dans une déclaration commune, les syndicats Confederación Minera de Chile-CONFEMIN, Confederación de Trabajadores Metalúrgicos de Chile-CONSTRAMET,  Confederación de Trabajadores del Cobre-CTC et l’ Observatorio Latinoamericano de Conflictos Ambientales-OLCA ont déclaré leur « indignation contre le système qui nous opprime » et réaffirmé la nécessité de la lutte « pour nos droits universels qui sont les mêmes pour tous les ouvriers du monde » (voir le communiqué en espagnol). Au Brésil, le PSTU, la CSP-Conlutas et d’autres organisations ouvrières d’Amérique Latine, exprimé « à tous les mineurs d’Afrique du Sud et en particulier à ceux de Marikana nos profondes pensées et notre solidarité inconditionnelle » (voir le communiqué en espagnol). Pour les Etats-Unis, on peut par exemple citer la déclaration des anarcho-syndicalistes du WSA concluant : « Où que les travailleurs luttent, que les pauvres et opprimés répondent : une attaque contre l’un d’entre nous et une attaque contre tous » (voir le communiqué en anglais).

Au delà des déclarations, des actions de protestation ont eu lieu dans différentes villes du continent américain.

Aux Etats-Unis par exemple, 150 personnes se sont rassemblées le 24 août à Oakland (Californie) à l’appel entre autre des IWW :

Au Canada, une centaine de personnes ont manifesté à Toronto le 25 août :

En Europe, de nombreuses organisations syndicales ont condamné le massacre commis par les forces répressives à Marikana. Pour la France, on peut citer la CGT, la FSU ou la CNT, alors que de nombreux responsables de l’Union Syndicale Solidaires ont la pétition « Nous condamnons le massacre brutal des mineurs de Marikana par la police« . En Belgique, la FGTB a condamné « vigoureusement l’assassinat de près de 40 travailleurs sur le site minier de Marikana en Afrique du Sud. » Un peu partout en Europe, des actions de protestation ont eu lieu.

Ainsi, en Espagne, dans la région minière des Asturies, un rassemblement a eu lieu à Oviedo le 21 août à l’appel du Corriente Sindical d’Izquierda, du Comité de Défense du Travail des mines des Asturies et du Collectif de Femmes du Charbon en Lutte, rassemblement qui a rassemblé une centaine de personnes sous la banderole « Le peuple et les mineurs des Asturies solidaires de nos frères mineurs sud-africains, UHP » (UHP : sigle datant de l’insurrection ouvrière de 1934 dans les Asturies signifiant « Union des Frères Prolétaires »).

Rassemblement à Oviedo

En Grande-Bretagne, une manifestation a été organisée dès le 17 août devant l’ambassade sud-africaine à Londres.

Le lendemain, 18 août, c’est devant le siège social de Lonmin, entreprise propriétaire de la mine de Marikana que l’on a manifesté (voir des images).

En Irlande du Nord, un rassemblement appelé par les syndicat a rassemblé une cinquantaine de personnes le 21 août à Belfast (voir ici un article accompagné de photos en anglais).

Rassemblement à Belfast

Le 20 août, c’est devant l’ambassade sud-africaine de Dublin (Irlande) qu’un rassemblement a été organisé par les syndicats irlandais.

En Autriche, une vingtaine de personnes se sont rassemblées le 20 août devant l’ambassade sud-africaine à Vienne par la RKOB (Organisation Communiste Révolutionnaire pour la Libération). Sur les pancartes on pouvait lire des slogans comme « Stop au massacre en Afrique du Sud ! Solidarité avec les mineurs !« . Dans son intervention Nina Gunić, porte-parole de la RKOB, a déclaré : « C’est une lutte des mineurs et de leurs familles pour des conditions de vie décentes. Elle mérite l’entière solidarité du mouvement ouvrier international. Les syndicats autrichiens doivent soutenir les mineurs ! » (photos du rassemblement).

En Allemagne, les manifestations du lundi 20 août contre l’austérité, on était l’occasion d’exprimer la solidarité avec les ouvriers d’Afrique du Sud. A Herne, la déclaration suivante a été approuvée : « Nous revendiquons le jugement et la condamnation sans condition des responsables. Nous revendiquons auprès du gouvernement fédéral qu’il s’engage pour observer l’application des droits humains en Afrique du Sud (…). Nous mêmes nous vivons dans une des plus grandes régions minières d’Allemagne. Nous déclarons : notre solidarité va aux mineurs en lutte du monde entier. » A Essen, les manifestants ont approuvé la déclaration suivante : « C’est choqués et profondément révoltés que nous avons appris aujourd’hui à la manifestation de lundi l’assassinat brutal de 34 copains en grève et de nombreux blessés par les forces de sécurité du gouvernement sud-africain. Nous sommes plein de colère d’apprendre l’arrestation d’un des dirigeants de la grève et déclarons au gouvernement que nous le rendons responsable du massacre. Aux ouvriers d’Afrique du Sud, nous déclarons : Votre lutte est notre lutte. Vive la solidarité internationale ! »

A Berlin, les anarcho-syndicalistes de la FAU ont organisé un rapide piquet devant l’ambassade sud-africaine le 23 août où ils ont déposé une lettre demandant la libération des mineurs emprisonnés, la compensation financière pour les familles des victimes, la satisfaction des revendications des grévistes, la prise en charge par la direction de la mine des frais des funérailles et le retrait des forces de répression de la mine (voir le courrier en anglais).

Le vendredi 24 août, à l’appel de militant(e)s du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran en exil, un rassemblement à été organisé devant le consulat de l’Afrique du Sud à Francfort (Main) (voir des photos).

En Suède, le lundi 27 août 2012, un rassemblement était organisé à Stockholm (Suède) devant l’ambassade d’Afrique du Sud (voir des photos).

En France, des actions sont en cours de préparation dans différentes villes (comme Lyon, Paris, Besançon ou Lille) pour le samedi 8 septembre en mémoire des mineurs sud-africains tombés sous les balles de la répression, pour dénoncer ce crime contre la classe ouvrière et en solidarité avec la lutte de nos sœurs et frères de classe en Afrique du Sud.

N’hésitez pas à nous contacter pour participer à l’organisation de cette journée : contact@communisme-ouvrier.info ou sur la page facebook “Solidarité avec les travailleurs d’Afrique du Sud“.

2 réponses à “Partout dans le monde, colère après la sanglante répression à Marikana

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