L’Humanité, 10 août 2012 :
Libertés menacées, projet de Constitution bridant les droits des femmes, promesses sociales bafouées… le parti Ennahdha au pouvoir suscite crainte et colère. L’éditorial de Dany Stive, Entre jasmin et lacrymo.

Manifestation à Sidi Bouzid, 9 août
À l’entêtant parfum de jasmin, symbole du soulèvement
du peuple tunisien, se mêlent aujourd’hui dans ce pays des effluves autrement nauséabonds : les gaz lacrymogènes de la police, et autres balles en
caoutchouc, ont encore été employés hier à Sidi Bouzid,
berceau de la révolution de 2011, pour disperser une manifestation d’opposants au gouvernement. Les relents fétides qui ont pour but d’asphyxier la révolution ne sont pas l’apanage de la rue. Dans l’enceinte de l’Assemblée nationale constituante (ANC), où s’écrit le futur texte fondateur de la nouvelle Tunisie, les représentants
du parti islamiste Ennahdha n’ont de cesse d’étouffer
le débat sous des considérations religieuses et leur volonté de restreindre les libertés fondamentales.
Les démocrates tunisiens sont sur leur garde. L’indépendance de la justice, dans l’état actuel de la Constitution voulue par Ennahdha, ne serait guère plus assurée que sous le règne de Ben Ali, qui disposait des juges comme bon lui semblait. Le projet de l’ANC donnerait « au premier ministre le pouvoir discrétionnaire
d’accepter ou de rejeter
les décisions (…) concernant les nominations, les promotions et les mutations de juges », dénonce l’ONG Human Rights Watch. Sur le terrain, hier, devant le bâtiment abritant l’ANC, un ensemble de partis invitait la population à exprimer
« leur condamnation, protestation et refus que la révolution ne se transforme en un butin de guerre, consacrant
le principe de spoliation et d’hégémonie ».
Lire la suite →
WordPress:
J’aime chargement…