Lutte contre les licenciements, le chômage et la précarité : L’exemple de PSA

Article publié le 2 août sur le site de l’Initiative Communiste-Ouvrière :

Avant les élections, on savait que bien des directions d’entreprises n’attendaient que la fin du cirque électoral pour annoncer les plans de licenciements. Au-delà de PSA, on peut parler de Sanofi Adventis qui annonce des milliers de suppressions de postes, d’Air France qui annonce 5.000 suppressions d’emplois, de Renault qui parle déjà de devoir suivre PSA dans un plan de « réduction des coûts », pour ne prendre que des grandes entreprises. Il n’y a aujourd’hui pas un travailleur salarié dans le secteur privé en France qui ne vive dans la craindre d’un éventuel « plan social » ou « plan de sauvegarde de l’emploi », expressions « politiquement corrects » pour dire plans de licenciements. Et même dans le public, de plus en plus de travailleurs se trouvent soit en situation d’emplois précaires soit de droit privé (à La Poste par exemple, 60% des salariés sont sur des contrats de droit privé).

Si nous prenons ici l’exemple de PSA, ce n’est pas pour nous désintéresser des luttes des autres boîtes, de la situation des travailleurs des PME ou de celle de ceux qui sont déjà, et parfois depuis des années, au chômage. La situation de PSA est à la fois un bon exemple de la pourriture de la société capitaliste et un enjeu pour l’ensemble de la classe ouvrière. Enjeux parce que le plan de Varin, avec 8.300 suppressions d’emploi en France, la fermeture de l’usine d’Aulnay, la suppression de 1.400 emplois soit 25% du personnel à l’usine de Rennes, le chantage patronal à l’usine Sevelnord, etc concernent bien plus que les 8.300 travailleurs dont les emplois devraient être supprimés. A Aulnay-sous-Bois par exemple, la fermeture de l’usine entrainerait la perte de 10.000 emplois dans le bassin d’emploi, et ce dans un département, la Seine Saint-Denis, déjà particulièrement touché par le chômage et la misère. Par contre, en tant que principal groupe industriel en France, une lutte des ouvriers de PSA pourrait servir de moteur à l’ensemble de la classe ouvrière.

Malgré les jérémiades de la direction, le groupe PSA, avec ses différentes filiales, est toujours bénéficiaire, la famille Peugeot est milliardaire, et l’Etat a versé des milliards d’euros depuis des années à PSA au nom du « maintien de l’emploi », en particulier par le biais du financement des périodes de chômage technique par des fonds publics. Imaginons un prolétaire qui touche une allocation chômage, le RSA ou des indemnités de la sécurité sociale et dont un contrôle montrerait qu’il ne respecte en fait pas les critères ou n’aurait pas rempli ses engagements, c’est immédiatement que le couperet tomberait. PSA s’est engagé, en échange des milliards d’euros d’aides, à « maintenir l’emploi ». En novembre 2011, lorsque la direction a annoncé 5.000 suppressions d’emplois, le gouvernement UMP de l’époque avait repris la propagande de Varin et de la famille Peugeot comme quoi il n’y aurait pas de licenciements (ce qui est faux). Après l’annonce du plan de 8.000 suppressions d’emplois en juillet, dont la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois, le gouvernement PS a, certes tout d’abord feint l’indignation à l’annonce du plan, mais n’a jamais, ne serait-ce que menacé PSA de devoir rembourser les milliards qui lui ont été offerts pour « sauver l’emploi », ni même de simplement couper cette aide. Au contraire même, le 25 juillet, alors que Varin voulait lancer la machine à licencier au CCE, le gouvernement a annoncé un nouveau plan « d’aide à la filière automobile », c’est-à-dire d’aide aux patrons, clairsemé cette fois de discours vaguement écologiste, gouvernement de gauche oblige.

Ce simple exemple est déjà significatif du monde capitaliste qui marche sur la tête. Plus significatif encore de l’absurde et inhumaine logique capitaliste, c’est que dans les ateliers et les bureaux de PSA, les cadences et la charge de travail n’ont jamais cessé d’augmenter. La fermeture d’Aulnay devrait, selon les plans de la direction, se traduire par le transfert de la production de l’usine d’Aulnay sur les autres sites. Il s’agit ni plus ni moins que de renforcer l’exploitation en faisant produire autant de voitures par moins d’ouvriers. C’est la politique qu’imposent Peugeot et les autres groupes capitalistes depuis des années.

Si cela fait plus d’un an que la CGT de l’usine d’Aulnay dénonce le projet de fermeture du site, que les ouvriers et les différents syndicats du site se mobilisent contre la fermeture de l’usine, la direction de PSA a pendant toute une année menti et raconté que la fermeture de PSA Aulnay n’était pas à l’ordre du jour. Dès le CCE du 28 juin, toute la presse parlait de la fermeture de l’usine d’Aulnay et la direction a annoncé son plan de 8.300 suppressions d’emplois en juillet, profitant de l’approche des vacances et de la période du ramadan, ce qui n’a pas empêché la mobilisation des travailleurs à Aulnay et des actions dans d’autres sites PSA (Rennes et Metz par exemple). Dans les semaines qui ont précédé l’annonce du plan de suppressions de postes, la direction de PSA n’a pas cessé de pleurnicher sur de prétendus déficits, sur le soi-disant « coût élevé du travail », sur la baisse des ventes, etc., oubliant de rappeler les énormes profits accumulés depuis des années par la famille Peugeot et autres actionnaires, que bien des filiales de PSA sont largement bénéficiaires, etc. Si Varin voulait lancer dès le 25 juillet la machine à licencier après le CCE, l’unité de toutes les organisations syndicales a permis d’imposer à la direction la nomination d’un expert et de geler ainsi le plan de suppressions de postes. Ce n’est bien sûr qu’une escarmouche, mais cela permet aux travailleurs de gagner du temps pour organiser la mobilisation contre la casse de l’emploi. Cette unité des représentants syndicaux au CCE, y compris des organisations les moins combatives et les plus prêtes à négocier un « Plan de Sauvergarde de l’Emploi », est d’ailleurs aussi à mettre au crédit de la mobilisation des travailleurs.

A cette heure, c’est les vacances dans la plupart des sites de PSA. Dès la rentrée par contre, on peut s’attendre à une mobilisation en particulier sur les sites d’ Aulnay et de Rennes. Les mobilisations des 28 juin et 25 juillet à Paris à l’occasion des derniers CCE ont été des réussites. A Aulnay, un comité de lutte regroupant travailleurs syndiqués ou non se met en place. Il faut dire que l’usine d’Aulnay est connue pour la combativité des ouvriers, avec des débrayages fréquents, souvent spontanés, dès que la direction ou les chefs accentuent la pression sur les travailleurs. Le 26 juillet, les ouvriers du site de Rennes ont débrayé massivement contre les suppressions d’emplois. Avec plus de 2.500 salariés mobilisés c’est la plus grande mobilisation depuis l’ouverture de l’usine en 1961.

Et tant le 28 juin que le 25 juillet, la plupart des sites du groupe ont envoyé des délégations. Il est aussi particulièrement intéressant de souligner les liens pris avec des équipes militantes d’autres pays, comme les ouvriers d’Opel Bochum ou de PSA Madrid. Encourageante aussi pour la suite la présence de délégations d’autres entreprises touchées ou menacées par des licenciements comme par exemple Air France, Sanofi Aventis ou Renault lors de la manifestation du 25 juillet.

Dès septembre, il faut donc s’attendre à une mobilisation au moins sur les sites de Rennes et de Aulnay-sous-Bois, et il faudra également construire la mobilisation à l’échelle du groupe et des sous-traitants. A ce sujet par contre, rien n’est gagné. Dans plusieurs sites, les ouvriers vivent dans la crainte de futurs licenciements, les intérimaires sont particulièrement difficiles à mobiliser, et, à Sevelnord par exemple, à part la CGT, les syndicats (c’est à dire sur l’usine CFE-CGC, SPI-GSEA et FO) ont déjà donné leur accord au « plan de compétitivité » de la direction, c’est à dire au nom d’une vague « garantie de l’emploi » prévoit le gel des salaires sur plusieurs années et un accroissement de la flexibilité.

La lutte contre les licenciements est un des enjeux majeur pour la classe ouvrière et sera, en tout cas chez PSA et dans les usines sous-traitantes, un des combats à la rentrée 2012. Les revendications des ouvriers de PSA, le refus de toute suppression d’emploi et de tout licenciement, la répartition du travail entre les usines et l’embauche des intérimaires, sont des revendications qui concernent l’ensemble de la classe ouvrière. Une victoire des travailleurs chez PSA, contre le plan de 8.300 suppressions de postes de Varin et contre la fermeture du site d’Aulnay, serait une victoire et un point d’appui pour toute la classe ouvrière dans la lutte contre les licenciements, le chômage et la précarité.

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