Rouiba, Algérie : Licenciements de grévistes chez Heineken.

El Watan le 4 avril 2012, et actualisé par les témoignages de nos camarades du PST algérien le 19 avril 2012 :

Le conflit se poursuit entre les salariés et la Direction de      Heineken à Rouiba !

Pour faire face à la grève la direction licencie des dizaines de salariés sont embauchés pour remplacer les grévistes. «Le directeur se place au-dessus de la loi algérienne », selon le responsable de l’union locale de Rouiba, interrogé par Fatima Arab, qui précise : « La direction de cette entreprise était, durant la journée d’hier, injoignable, malgré nos différentes tentatives ».

Brasserie Tango Heineken

                  Des suspensions et des licenciements massifs :

La Sarl Tango Heineken, une des principales brasseries du pays, est sur un volcan. Le bras de fer entre les travailleurs en sit-in depuis un mois et demi (depuis le 14 février dernier) et la direction, qui campe sur ses positions en refusant de satisfaire les revendications de ces derniers, ne semble pas près de connaître un dénouement proche.

Les travailleurs, essentiellement des services de production et de maintenance, réclament la finalisation et l’application de la convention collective, «pour que les travailleurs puissent bénéficier des avantages d’augmentations de salaires régulières, d’indemnités et surtout de la prime de bénéfice. La direction n’a pas concrétisé cette convention dont le projet de signature devait se faire depuis plus d’une année», explique Mokdad Messaoudi, secrétaire général de l’union locale de l’UGTA, représentant la zone industrielle de Rouiba. «La direction ignore le droit des travailleurs dicté dans le cadre de la convention collective que l’entreprise est dans l’obligation de signer et de respecter conformément au code du travail algérien», explique le même syndicaliste.      

Les travailleurs, encadrés par l’UGTA, accusent la direction de «prôner le pourrissement». Selon les représentants syndicaux de cette entreprise, les grévistes ont subi des mesures de répression «dignes d’un autre âge» : 35 travailleurs sont en voie d’être licenciés, alors que trois ont déjà reçu des décisions leur signifiant qu’ils ne sont plus parmi l’effectif de la Sarl. 54 autres travailleurs, «considérés comme les meneurs de la grève sont poursuivis en justice», atteste un syndicaliste. Selon l’union locale de l’UGTA, la direction a enfreint la loi algérienne portant sur les relations de travail, en procédant à des mesures de licenciement et à des recrutements au moment du conflit.

Pour remplacer les grévistes, la direction a fait appel à de nouvelles recrues. Au total, 84 travailleurs pour remplacer le personnel gréviste estimé à 180 sur un ensemble de 280 travailleurs.

«Le directeur se place au-dessus de la loi algérienne. Déjà que les travailleurs ont perçu des demi-salaires le mois passé ; c’est inacceptable», soutient M. Messaoudi, qui explique que les requêtes déposées au niveau de l’inspection du Travail ne sont pas soldées par des actions en faveur des travailleurs lésés. L’union de l’UGTA, qui se dit «tout à fait convaincue de la légitimité de l’action des travailleurs de la brasserie», rappelle que plusieurs actions de soutien aux grévistes ont été menées par des travailleurs d’autres entreprises. «Nous soutenons le sit-in ininterrompu depuis le 14 février et nous irons jusqu’au bout», lance le représentant de l’UGTA, en menaçant de recourir à des actions «encore plus radicales pour que les travailleurs soient réhabilités dans leurs droits». De leur côté, les travailleurs, qui se disent convaincus de la justesse de leurs revendications, accusent la direction d’exercer «hors la loi» et «d’ignorer les droits des travailleurs algériens». «Nous ne lâcherons pas, et ce, jusqu’à la signature de la convention collective et la satisfaction de toutes nos revendications.»

La direction de cette entreprise était, durant la journée d’hier, injoignable, malgré nos différentes tentatives.

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