Libé Marseille, 31 mars 2012 :
En tendant la décision de Justice, l’avocate marseillaise murmure : « C’est consternant ». L’ordonnance fait quatre pages, et révèle des pratiques très curieuses de la part de policiers en poste à la frontière suisse, du côté de Pontarlier. Ils auraient parqué des clandestins tunisiens dans un garage, en les désignant par des numéros écrits au feutre sur leurs bras. Monsieur H. faisait partie du groupe. Il a 22 ans, est venu en France avec 45 euros sur lui, pour rejoindre sa soeur en région parisienne. Puis il a décidé « de tenter (sa) chance pour avoir des papiers en Italie ». Il a pris un billet, le train qui va de Paris à Milan. Mais à la frontière italienne, il a été refoulé, avec 38 autres Tunisiens. Les Suisses les ont alors remis dans un train pour les acheminer jusqu’à la frontière française, où ils les ont remis aux autorités françaises, selon les accords en vigueur depuis 2000 entre la France et la Suisse.
Arrivés à Pontarlier, le 22 mars à 13h, les Tunisiens auraient alors été conduits par les hommes de la DDPAF (police aux frontière) dans un garage situé en face du commissariat de la ville. Là, on leur aurait donc inscrit sur les bras, au feutre, un numéro correspondant à l’ordre dans lequel ils allaient être entendus à tour de rôle, afin de leur signifier une obligation de quitter le territoire national. Le numéro inscrit sur le bras de Monsieur H. correspond, indique son avocate, Pascale Chabbert-Masson, à celui que l’on retrouve dans la liste dressée par les policiers et annexée au PV.