Petite histoire du 1er Mai en images

Retracer, même dans les grandes lignes, l’histoire du 1er Mai, c’est retracer l’histoire des luttes de la classe ouvrière sur les cinq continents. Gabriel Deville, socialiste français, écrivait ainsi en 1896 dans son « Historique du 1er Mai » : «  » Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !  » ont écrit Marx et Engels, et le Premier Mai est la consécration de cette union. » Et effectivement, le 1er Mai est le jour où, de Oslo à Pretoria, d’Islamabad à Buenos Aires, les travailleuses et les travailleurs descendent dans les rues, brandissent des mêmes drapeaux rouges et dans des conditions différentes, parfois malgré une répression sanglante, défendent leurs revendications.

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Plaque commémorative à Melbourne de la décision des ouvriers de la construction de lancer un mouvement en avril 1856 pour les 8 heures

Rosa Luxembourg souligne les origines australiennes du 1er Mai dans un article paru en 1894 dans la Sprawa Robotnicza : « Les travailleurs y décidèrent en 1856 d’organiser une journée d’arrêt total du travail, avec des réunions et des distractions, afin de manifester pour la journée de 8 heures. La date de cette manifestation devait être le 21 avril. Au début, les travailleurs australiens avaient prévu cela uniquement pour l’année 1856. Mais cette première manifestation eut une telle répercussion sur les masses prolétariennes d’Australie, les stimulant et les amenant à de nouvelles campagnes, qu’il fut décidé de renouveler cette manifestation tous les ans. »

En 1884, les syndicats américains se lancent dans une campagne de deux ans pour imposer la journée de 8 heures au patronat. Le 1 Mai 1886, la grève générale est un succès avec 340.000 travailleurs en grève à travers tous les Etats-Unis. A Chicago, alors que les ouvriers en grève de l’usine McCormick se dispersent, la police charge et réprime violemment la manifestation. Un ouvrier est tué et dix autres blessés. Les journaux anarchistes « Arbeiter Zeitung » et « The Alarm » appellent à un rassemblement contre la répression policière le 4 mai. En fin de manifestation, une bombe lancée par un provocateur explose tuant un policier. La police tire pour tuer : six ouvriers tombent sous les balles.

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Appel au rassemblement du 4 mai 1886

Sept militants ouvriers anarchistes sont arrêtés, et accusés de meurtre : August Spies, George Engel, Adolph Fischer, Louis Lingg, Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden. Un huitième nom s’ajoute à la liste quand Albert Parsons se livre à la police. Le procès s’ouvre le 21 juin 1886 et c’est avant tout le procès des anarchistes et du mouvement ouvrier. C’est ainsi que le procureur déclare au jury :  » Ces huit hommes ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. » August Spies, George Engel, Adolph Fischer et Albert Parsons sont pendus le 11 novembre 1887. Les autres militants, condamnés à la perpétuité, seront libérés en 1893 tant l’absence de preuves est criante.

Les organisations ouvrières américaines décident en 1888 d’une nouvelle journée de mobilisation pour les huit heures fixée au 1 mai 1890. Lors du congrès de Paris de 1889 de l’Internationale Socialiste (IIème internationale) la décision fut prise d’une journée de grèves et de manifestations internationale pour l’obtention des huit heures. Les travailleurs américains ayant déjà fixé une date au 1er Mai 1890, c’est tout naturellement cette date qui est retenue par l’Internationale.

Le 1er Mai 1890 est un succès. En France, on compte des manifestations dans 150 villes françaises et 40 000 travailleurs défilent à Lyon par exemple.

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Meeting à Lyon pour le 1 mai 1890

Gravure : 1er mai 1890 à Paris

Gravure : 1er mai 1890 à Paris

Dans de nombreux pays d’Europe et d’Amérique, comme en Allemagne (où on compte 100.000 grévistes), en Suède (on compte 50.000 manifestants à Stockholm), en Autriche, en Pologne (avec 10.000 travailleurs en grève à Varsovie) en Italie, en Bulgarie mais aussi aux Etats-Unis ou en Argentine (2.000 manifestants à Buenos Aires), les mobilisations du 1er Mai 1890 sont un succès.

1er Mai 1890 à Goteborg (Suède)

1er Mai 1890 à Goteborg (Suède)

Cette démonstration de force du prolétariat mondial inquiète la bourgeoisie. D’autant que bien des villes et bourgs voient des manifestations ouvrières, comme à Villach, dans le sud de l’Autriche, où des bourgeois se barricadent chez eux de crainte d’une insurrection ouvrière. L’armée est détachée et mobilisée dans cette ville où un meeting ouvrier est organisé. Un travailleur témoigne 13 ans plus tard dans le journal « Volkswille » que lors de ce meeting, deux soldats ont sauté par dessus le mur et sont allés serrer la main des ouvriers en leur disant « Nous sommes des mineurs de Steiermark, vos camarades de parti. Nous n’aurions pas tiré sur vous ».

Appel pour le meeting du 1er Mai à Villach

Appel pour le meeting du 1er Mai à Villach (Autriche)

En 1891, c’est à Fourmies, ville ouvrière du Nord de la France, que la répression s’abat sur les ouvriers en grève. Le 1er Mai 1891, l’armée tire sur la manifestation ouvrière : neuf ouvriers (dont un enfant de 11 ans) sont tués et trente-cinq au moins sont blessés en moins d’une minute.

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Dessin publié dans « Le père peinard », journal anarchiste

A l’autre bout du monde, en 1909, c’est à Buenos Aires (Argentine) que les forces de répression tirent sur les ouvriers. A l’occasion du 1 mai 1909, à l’appel de la FORA (Fédération Ouvrière de la Région Argentine, syndicat anarchiste), 1.500 travailleurs se rassemblent à Buenos Aires. La police ouvre le feu tuant 14 travailleurs. La réponse ouvrière est immédiate : la FORA et l’UGT (syndicat socialiste) appellent à la grève générale. Entre 50.000 et 80.000 personnes manifestent le 4 mai à Buenos Aires à l’occasion de l’enterrement des victimes de la répression. La grève est levée le 9 mai après la libération des militants ouvriers arrêtés le 1er Mai.

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1er Mai 1909 à Buenos Aires

La répression n’empêche pas, bien au contraire, les manifestations du 1er Mai d’avoir lieu chaque année. De journée pour les huit heures, le 1er Mai devient une journée pour l’ensemble des revendications de la classe ouvrière, qu’elles soient économiques ou politiques. Dès 1901, le mot d’ordre des 1er Mai en Russie est « A Bas l’autocratie ». Pour le 1er Mai 1905, un tract du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie rédigé par Lénine appelle, dans le contexte de la révolution, au renversement de l’autocratie. On peut y lire : « A bas l’inimitié entre les ouvriers de différentes nationalités ou de différentes religions! Une telle hostilité sert seulement les pillards et les tyrans qui vivent de l’ignorance et de la division du prolétariat. Juifs et chrétiens, Arméniens et Tatares, Polonais et Russes, Finlandais et Suédois, Lettons et Allemands, tous, tous marchent ensemble sous l’emblème commun du socialisme. Tous les ouvriers sont frères, et leur union solide est le seul garant du bien-être et du bonheur de toute l’humanité laborieuse et opprimée. Le premier mai, cette alliance des ouvriers de tous les pays, la social-démocratie internationale, passe en revue ses forces et serre les rangs pour une lutte nouvelle, inlassable, inflexible, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.« 

1 mai 1902 à Stockholm

1 mai 1902 à Stockholm

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1 mai 1905 à Belgrade

A noter qu’en plus des cités ouvrières d’Europe et d’Amérique, c’est dès 1903, que l’Union Obrera Democratica Filipina organisera une manifestation du 1er Mai à Manille. En Turquie, le 1er mai est célébré pour la première fois à Izmir en 1899, puis à Selanik en 1911 et à Istanbul en 1912.

1 mai 1907 à Paris

1 mai 1907 à Paris

1 mai 1908 à Sulitjelma (Norvège)

1 mai 1908 à Sulitjelma (Norvège)

1 Mai 1912 à NewYork

1 Mai 1912 à New York

1 mai 1913 à New York

1 mai 1913 à New York

Avec la première guerre mondiale, bien des dirigeants et organisations du mouvement ouvrier trahissent les principes de l’internationalisme et s’allient, au nom de « l’Union Sacrée », avec la bourgeoisie. La révolution de février 1917 en Russie change la donne. Déjà en 1916, à l’appel des Spatakistes, des grèves et des manifestations avaient été organisées en Allemagne le 1er Mai contre la guerre. En Russie, des millions d’ouvriers, de paysans et de soldats manifestent à l’occasion du 1er Mai 1917 sous les slogans « A bas les ministres capitalistes ! », « Tout le pouvoir aux soviets ! » et « A bas la guerre impérialiste ! ».

1er Mai 1917 à Minsk (aujourd'hui au Bélarus, alors sous l'empire tsariste)

1er Mai 1917 à Minsk (aujourd’hui au Bélarus, alors sous l’empire tsariste)

1 mai 1917 à Pskov (Russie)

1 mai 1917 à Pskov (Russie)

Sur le front, en France, 10.000 soldats russes se mutinent et manifestent à l’occasion du 1er Mai. Didier Daeninckx décrit cette manifestation dans un article : « Un groupe, évalué à dix mille soldats, décide de former des Soviets. Un homme prend leur tête, Baltaïs, et il est décidé, pour la première fois au monde, de célébrer le 1er mai en faisant la grève au front! On déploie des drapeaux rouges, on chante les hymnes révolutionnaires sous les fenêtres des châteaux de Bayé et de Montfort. Les représentants du soviet sillonnent la région, un fanion rouge et noir accroché à la portière de la voiture de l’état-major du général Palitzine qui a été réquisitionnée. »

Manifestation de soldats russes sur le front, 1 mai 1917

Manifestation de soldats russes sur le front en France, 1 mai 1917

Avec la victoire de la révolution d’Octobre, s’ouvre une période de crise révolutionnaire internationale. La manifestation du 1er Mai 1919 est massive à Paris et prépare les grandes grèves de juin.

"Menschen" (Humains), journal socialiste des travailleurs immigrés à Dresde : "1er Mai : Vive la Révolution Mondiale"

« Menschen » (Humains), journal socialiste des travailleurs intellectuels à Dresde : « 1er Mai : Vive la Révolution Mondiale »

Avec le développement du mouvement ouvrier révolutionnaire, des manifestations du 1er Mai commencent à être organisées partout dans le monde. En 1920, pour la première fois, une manifestation du 1er Mai est organisée au Japon. 10.000 travailleurs se rassemblent à Tokyo pour revendiquer les huit heures. En 1921, la première manifestation du 1er Mai est organisée à Téhéran. En 1923, le Labour Kisan Party of Hindustan (qui deviendra le Parti Communiste Indien) organise la première manifestation du 1er mai d’Inde à Madras (aujourd’hui Chennai). C’est aussi la première fois que le drapeau rouge est hissé en Inde.

1er Mai 1920 à Tokyo

1er Mai 1920 à Tokyo

1 mai 1927 à Helsinki (Finlande)

1 mai 1927 à Helsinki (Finlande)

En Allemagne, le préfet de police social-démocrate Karl Friedrich Zörgiebel décide d’interdire les manifestations du 1er Mai 1929 à Berlin. Le KPD (Parti Communiste d’Allemagne) réagit en appelant à une manifestation massive depuis les quartiers ouvriers au centre de Berlin. Des milliers et des milliers de travailleurs viennent en particulier des quartiers de Wedding et Neukölln. La répression est sanglante : on compte 33 morts, 200 blessés et plus de 1.200 arrestations dans les rangs des manifestants.

Affiche du KPD pour le 1er Mai 1929

Affiche du KPD pour le 1er Mai 1929

Cortège des ouvriers de Wedding, 1 Mai 1929 à Berlin

Cortège des ouvriers de Wedding, 1 Mai 1929 à Berlin

Une du magazine communiste AIZ après le "Blutmai"

Une du magazine communiste AIZ après le « Blutmai »

En Iran, le 1er mai 1929 marque le début d’une grève générale qui touche essentiellement les compagnies pétrolières d’Abadan mais aussi des secteurs ouvriers de Mashhad et d’autres villes. Les ouvriers revendiquent la reconnaissance des syndicats, un salaire minimum et la reconnaissance du 1er Mai comme jour férié. Au bout de quatre jours, la grève est brisée avec l’intervention de l’armée. En 1931, le 1er mai marque le début de la grève des ouvriers du textile à Téhéran pour la journée de huit heures, la reconnaissance des syndicats et un jour de congés les vendredis. La grève dure deux semaines.

Avec la peur de la bourgeoisie face à une classe ouvrière qui avait su mener une révolution victorieuse en Russie et la crise du capitalisme à partir de 1929, c’est après l’Italie, en Allemagne et en Autriche que se mettent en place des dictatures fascistes. En Allemagne, les manifestations du 1 mai sont interdites à partir de 1933 et remplacées par une « journée du travail allemand » et c’est au lendemain du 1 mai 1933 que le régime nazi interdira officiellement les syndicats. Au Japon, la dernière manifestation du 1er Mai aura lieu en 1936.

Journal anarcho-syndicaliste clandestin distribué à Dresde à l'occasion du 1er mai 1933

Journal anarcho-syndicaliste clandestin distribué à Dresde à l’occasion du 1er mai 1933

Gravure pour le 1 mai 1934 en Allemagne

Gravure sur le 1 mai 1934 en Allemagne

Dans bien des pays, les travailleurs manifestent lors du 1 mai 1936 contre le fascisme et pour leurs revendications. Dans l’URSS stalinienne, malgré la terreur, on note des protestations du 1er mai à l’initiative des prisonniers politiques de l’opposition de gauche dans les camps en Sibérie.

Manifestation du 1er Mai 1936 à Varsovie

Manifestation du 1er Mai 1936 à Varsovie

En France, le 1er Mai 1936 marque la réunification syndicale entre la CGT et la CGTU. Les manifestations massives du 1er Mai préfigurent la grève générale de juin 1936 où la classe ouvrière arrachera des conquêtes comme les congés payés.

Affiche du 1er Mai 1936 (France)

Affiche du 1er Mai 1936 (France)

La terreur fasciste n’empêche pas les ouvriers de s’organiser. Ainsi, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, on note une agitation sociale autour du 1er Mai 1941. Des drapeaux rouges  sont suspendus aux fils électriques, des milliers de tracts sont distribués, et des cahiers de revendications sont rédigés dans tout le bassin minier. Le 3 juin, 80% des mineurs du bassin seront en grève, la répression nazie est particulièrement sanglante : 450 personnes ont été arrêtées, sur lesquelles 244 mineurs sont déportés en Allemagne (130 d’entre eux y trouveront la mort), certains sont fusillés.

Tract fait à la main dans le Pas-de-Calais

Tract fait à la main dans le Pas-de-Calais

Cahier de revendications des ouvriers des fosses n° 9 et 17 des mines de Courrières.

Cahier de revendications des ouvriers des fosses n° 9 et 17 des mines de Courrières.

Avec la fin de la guerre et des régimes fascistes, la classe ouvrière reprend ses traditionnelles manifestations du 1er Mai.

Affiche pour le 1er Mai 1946 en Allemagne

Affiche pour le 1er Mai 1946 en Allemagne

Au Japon, avec la fin du régime dictatorial, le 1er Mai 1946 mobilise un million de personnes dans tout le pays et 500.000 à la manifestation de Tokyo. Dans ce pays meurtri par la guerre et les bombardements, les ouvriers réclament à manger et pour ce 1er Mai le slogan principal est « Donnez-nous du riz ! ».

1 Mai 1946 à Tokyo

1 Mai 1946 à Tokyo

Dans le contexte de la guerre froide et des menaces d’une nouvelle guerre mondiale, bien des manifestations se dirigent contre la guerre et le militarisme. En 1948, à Stuttgart, se tient sur ces revendications une des plus grande manifestation de l’histoire de la ville lors du 1er Mai.

1 mai 1948 à Stuttgart

1 mai 1948 à Stuttgart

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Manifestation d’ouvriers juifs et arabes à Ramla (Israël), 1er Mai 1949

Le 1er 1950, un appel à la grève générale est lancée contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud. La répression policière tue 18 personnes à Soweto .

Le 1er Mai 1952, dans un pays où sévit toujours la misère et où les troupes d’occupation maintiennent à la tête de l’Etat le criminel de guerre Hirohito, la manifestation se dirige vers le Palais Impérial à Tokyo. Des affrontements violents opposent les ouvriers et les forces de répression. Un manifestant est tué, des centaines sont blessés et plus d’un millier sont arrêtés.

1 mai 1952 : Affrontements entre manifestants et forces de répression à Tokyo

1 mai 1952 : Affrontements entre manifestants et forces de répression à Tokyo

Affiche du 1er Mai 1960 : Pour la paix en Algérie (France)

Affiche du 1er Mai 1960 : Pour la paix en Algérie (France)

La manifestation du 1er Mai 1968 à Paris rassemble 100.000 personnes selon la CGT. La presse de l’époque souligne la présence « d’éléments trotskistes et anarchistes » ainsi que de fortes délégations de travailleurs immigrés d’Espagne et du Portugal qui manifestent contre les dictatures de Franco et Salazar. Cette manifestation préfigure  la grève générale qui suivra et qui inspirera bien au delà des frontières françaises dans les années qui suivent.

Affiche pour le 1 Mai 1969 à Munich : "Pouvoir ouvrier et non partenariat social"

Affiche pour le 1 Mai 1969 à Munich : « Pouvoir ouvrier et non partenariat social »

Le 1er Mai 1971 à Washington, des dizaines de milliers de personnes se rassemblent vers la Maison Blanche sous le slogan « S’ils n’arrêtent pas la guerre, nous stopperons le gouvernement » (il s’agit de la guerre du Vietnam). Le lendemain, 2 mai, plus de 17.000 personnes campent encore pour protester contre la guerre au West Potomac Park. Plus de 10.000 soldats fédéraux sont mobilisés pour déloger les manifestants et on comptera plus de 12.000 arrestations les 3 et 4 mai.

1er mai 1971 : Manifestation à Washington contre la guerre du Vietnam

1er mai 1971 : Manifestation à Washington contre la guerre du Vietnam

Manifestation du 1 mai 1973 à Santiago (Chili). Unis mais sans armes, les travailleurs chiliens subirons la violence de la dictature de Pinochet

Manifestation du 1 mai 1973 à Santiago (Chili). Unis mais sans armes, les travailleurs chiliens subirons la violence de la dictature de Pinochet

1 mai 1974 à Lisbonne après la chute de la dictature

1 mai 1974 à Lisbonne après la chute de la dictature

Si, au cours des années 1970, l’Espagne, le Portugal et la Grèce se libèrent des dictatures militaires, en Turquie, après une interdiction des manifestations du 1er Mai de 1928 à 1975, une manifestation de masse est organisée le 1er mai 1976 par le DISK à Istanbul. Le 1er Mai 1977, 500.000 travailleuses et travailleurs participent à la manifestation. Des groupes paramilitaires ouvrent le feu au niveau de la Place Taksim sur les manifestants. On compte entre 34 et 42 tués et entre 126 et 220 blessés. La police intervient… pour réprimer la manifestation et arrête plus de 500 manifestants dont 98 sont inculpés.

Manifestation du 1 mai 1977 à Istanbul

Manifestation du 1 mai 1977 à Istanbul

1 mai 1977 : Massacre de la Place Taksim à Istanbul

1 mai 1977 : Massacre de la Place Taksim à Istanbul

1 mai 1977 : Massacre de la Place Taksim

1 mai 1977 : Massacre de la Place Taksim

En 1979, après la victoire de la révolution contre le Shah, ce sont 1,5 millions de travailleuses et de travailleurs qui manifestent à Téhéran avec des slogans comme « Vivent les véritables syndicats et les Shorras », « A bas le vieux code du travail », « Du travail pour les chômeurs », etc. A plusieurs reprises des groupes de partisans de Khomeini harcèlent les manifestants et lancent des slogans islamistes et anti-communistes. Les ouvriers répondent en scandant « Les ouvriers seront victorieux, les réactionnaires seront défaits ».

Téhéran, 1979

Téhéran, 1979

1 Mai 1980 à Lima (Pérou)

1 Mai 1980 à Lima (Pérou)

Secoué par des vagues de grèves ouvrières à partir du début des années 1980, le régime stalinien décrète l’état de siège de décembre 1981 à juillet 1983. Cela n’empêchera pas les ouvriers polonais de continuer leurs luttes pour leurs droits économiques et politiques. Les 1er mai 1982 et 1983 par exemple, les ouvriers de Gdansk manifestent malgré la présence des forces de répression.

1 Mai 1982 à Gdansk

1 Mai 1982 à Gdansk

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Manifestation ouvrière le 1er mai 1983 à Gdansk

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1 mai 1984 à Mansfield (Grande-Bretagne) lors de la grande grève des mineurs britanniques

A l’occasion des 100 ans du 1er Mai, le syndicat sud-africain COSATU appelle à une journée de grève et de mobilisation pour le 1er Mai 1986. Plus d’1,5 millions de travailleurs répondent à l’appel, ainsi que des milliers d’élèves, d’étudiants, de petits commerçants, de conducteurs de taxi et de chômeurs. La mobilisation est particulièrement forte dans le coeur industriel de l’Afrique du Sud, dans la région de  Pretoria-Witwatersrand-Vereeniging. Malgré les interdictions, des manifestations et des rassemblements ont lieu dans les principales villes du pays.

1 mai 1986 en Afrique du Sud

1 mai 1986 en Afrique du Sud

En 1988,  la grève de 5.000 ouvriers des aciéries Stalowa Wola le 21 avril en Pologne est le début d’une nouvelle vague de grèves ouvrières pour les salaires. La grève s’étend dès le 25 avril à plusieurs compagnies de transport et à l’aciérie Vladimir Lénine de Cracovie. Le 1er Mai 1988 est ainsi l’occasion de manifestations ouvrières contre le capitalisme bureaucratique comme à Lodz, Poznan, Varsovie, Gdansk, Wroclaw, etc. A Gdansk, les chantiers navals sont en grève dès le 2 mai pour les libertés syndicales.

Affrontements entre ouvriers et forces de répression à Gdansk, 1er Mai 1988.

Affrontements entre ouvriers et forces de répression à Gdansk, 1er Mai 1988.

En 1991, pour la première fois depuis la contre-révolution stalinienne, le 1er Mai est l’occasion pour les travailleurs de Russie de manifester pour leurs revendications : contre la hausse des prix. En 1993, la manifestation du 1er Mai à Moscou, qui rassemble 100.000 personnes, se termine en affrontement avec les forces de répression.

1 mai 1993 à Moscou

1 mai 1993 à Moscou

En 1996, malgré l’interdiction, 150.000 personnes participent à la manifestation du 1er Mai à Istanbul. Dès le début de la manifestation, la police ouvre le feu et tue trois manifestants.

Victime de la répression à Istanbul, 1er mai 1996

Victime de la répression à Istanbul, 1er mai 1996

1er Mai 1996 à Istanbul : Affrontements entre manifestants et forces de répression

1er Mai 1996 à Istanbul : Affrontements entre manifestants et forces de répression

Le 1 mai 2001 au Bangladesh est une journée de mobilisation des ouvrières du textile pour la réduction du temps de travail. 10% des usines textile sont fermées par la grève et 160.000 travailleuses sont mobilisées.

1 mai 2001 à Dakha

1 mai 2001 à Dakha

A partir de 2006, les travailleurs immigrés, essentiellement originaires d’Amérique Latine où le 1er Mai est restée une tradition ouvrière, font du 1er Mai aussi une journée de mobilisation pour la régularisation des travailleurs immigrés.

Manifestation du 1 mai 2006 à New York

Manifestation du 1 mai 2006 à New York

En 2007, pour les trente ans du massacre de la Place Taksim de 1977, les travailleurs d’Istanbul veulent se rendre Place Taksim à Istanbul. Les forces de répression interviennent pour bloquer la manifestation. Un travailleur est tué et 700 personnes sont arrêtées. En 2008, la manifestation Place Taksim est une fois encore interdite et les manifestants doivent faire face à la répression policière. En 2009, le 1er Mai est rétabli comme jour férié sous la pression ouvrière, la manifestation du 1er Mai 2010 est autorisée Place Taksim, et en 2011, c’est un demi-million de travailleuses et de travailleurs qui manifesteront Place Taksim.

Manifestation du 1er Mai 2007 à Istanbuk

Manifestation du 1er Mai 2007 à Istanbul

1 mai 2008 à Istanbul

1 mai 2008 à Istanbul

Manifestation du 1er Mai 2008 à Tokyo

Manifestation du 1er Mai 2008 à Tokyo

Pour le 1er Mai 2009, environ 2.000 personnes se sont rassemblées au Parc Laleh de Téhéran à l’appel d’organisations syndicales et ouvrières d’Iran. Les forces de sécurité du régime des mollahs sont intervenues violemment à coups de matraque et de gaz lacrymogènes contre les manifestant(e)s. Plus de 150 personnes ont été arrêtées. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes du pays comme à Sanandaj, Tabriz, Qom, etc… Une déclaration de dix revendications est adoptées par plusieurs organisations ouvrières (voir ici).

1er mai 2009 à Sanandaj (Iran)

1er mai 2009 à Sanandaj (Iran)

Avec les révolutions en Tunisie et en Egypte de 2011, les travailleurs ont conquis la liberté de constituer des syndicats, de s’organiser et de s’exprimer, liberté toujours menacée par les réactionnaires.

Affiche pour le 1er Mai 2011 en Egypte

Affiche pour le 1er Mai 2011 en Egypte

Pour le 1er 2012, les mouvements Occupy de Los Angeles et de Long Beach ont lancé un appel à la grève générale (ce n’est pas un jour férié aux Etats-Unis), appel repris par des collectifs similaires de New York à San Francisco. S’il n’y a pas eu de grève générale, le 1er 2012 a été, comme les années précédente, ce jour où « des millions de gens à travers le monde marcheront, dans des dizaines de différentes langues, mais partageront la même revendication, la défense des intérêts de la classe ouvrière » comme le disait l’appel pour le 1er Mai 2012 en Israël.

1er Mai 2012 à Sydney (Australie)

1er Mai 2012 à Chicago

Et pour ce 1er Mai 2013, nous redescendrons dans les rues, aux quatres coins du monde, pour défendre nos intérêts… car pour finir avec les mots de Rosa Luxemburg : « Aussi longtemps que la lutte des travailleurs contre la bourgeoisie et les classes dominantes continuera, aussi longtemps que toutes les revendications ne seront pas satisfaites, le 1° mai sera l’expression annuelle de ces revendications. Et, quand des jours meilleurs se lèveront, quand la classe ouvrière du monde aura gagné sa délivrance, alors aussi l’humanité fêtera probablement le 1° mai, en l’honneur des luttes acharnées et des nombreuses souffrances du passé. »

1mai20133

3 réponses à “Petite histoire du 1er Mai en images

  1. Merci pour ce magnifique article.

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  2. l’histoire des hommes est sans nul doute l’histoire sanglante de la lutte de classe. Une petite histoire du 1er Mai en images est des plus utile pour élever le niveau de la conscience sociale vers cette réalité qui ne peut ni être ignorer ni mal comprise, il en va de la sauvegarde de la notion la plus élémentaire de ce que nous appelons bien que sans grande conviction notre humanité.

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