France-Télécom : le salarié qui s’est suicidé avait écrit à la direction en 2009

Le Monde, 29 avril 2011 :

Le salarié de France Télécom-Orange qui s’est immolé par le feu, mardi 26 avril, avait adressé un courrier à sa direction en septembre 2009, dans lequel il affirmait : « Je suis en trop. » La direction du groupe a confirmé cette information jeudi 28 avril, après la publication d’extraits de la lettre par Mediapart (payant).

« Cette lettre ouverte a été reçue le 18 septembre 2009 par le président du CNHSCT (Comité national d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) », a indiqué un porte-parole du groupe, qui était alors en pleine crise sociale en raison d’une vague de suicides depuis 2008. « Elle a été immédiatement transmise à la directrice des ressources humaines France de l’époque, qui était en charge de centraliser, de dispatcher les nombreux courriers préoccupants que nous recevions à cette époque. Elle l’a immédiatement transmise aux responsables locaux », a précisé le porte-parole.

Il a ajouté que la « lettre est un élément qui est sans doute important dans les enquêtes aussi bien interne que judiciaire en cours » et assuré que France Télécom allait « donner aux enquêteurs toutes les précisions nécessaires ».

« LE SUICIDE RESTE COMME ÉTANT LA SOLUTION ! »

Dans le document de six pages titré « Lettre ouverte à mon employeur et à son actionnaire principal », l’Etat, le salarié qui s’est suicidé à Mérignac (Gironde) à l’âge de 57 ans, évoquait une « situation endémique » au sein du groupe. Il y soulignait que « le suicide [restait] comme étant LA SOLUTION ! », selon les extraits publiés par Mediapart.

« Continuons tous, employeur, Etat actionnaire et décideur, syndicats, salariés, à ignorer les vraies causes profondes : dans dix ans, on sera encore à traiter de ce même sujet… enfin non… une certaine catégorie du personnel aura disparu par départ en retraite ou par suicide : et le problème sera réglé, enfin ! », alerte le salarié, père de quatre enfants.

Evoquant sa « mise à la poubelle » et se disant victime de « harcèlement subi », il souligne que « ceux qui sont abandonnés et contraints de faire face à l’échec au quotidien sont très mal ! Ils sont soucieux de la qualité de leur prestation, rendue impossible, sans voie d’issue ! » « Je suis dans ce segment-là, poursuit l’employé. Ratio de gestion de la situation nationale : je suis en trop. »

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