Le Point, 29 janvier 2013 :
Les usines Foxconn en Chine sont régulièrement agitées mais, pour la première fois, la protestation atteint les ateliers de la capitale.
La zone économique de Yizhuang a des allures de ville fantôme. Pas un passant ne vient troubler le silence épais qui enveloppe ces longues avenues situées au-delà du cinquième périphérique, à l’extrême sud de Pékin, dans le district de Daxing. Sur les trottoirs encore verglacés, quelques vélos recouverts de neige attendent leurs propriétaires. Au loin, des grues s’affairent sur des tours en construction dans un horizon ouaté de pollution.
C’est ici que le géant taïwanais Foxconn, premier producteur mondial de composants électroniques, a choisi d’établir ses locaux pékinois, en 2002. Trois bâtiments gris souris gardés comme des bunkers dans lesquels travaillent 9 000 employés. En dessous des fenêtres, d’étranges filets ont été tendus. « Ils ont été installés en 2010, après la vague de suicides à Shenzhen » raconte une employée du cybercafé de l’usine. « La direction a eu peur des défenestrations, mais finalement, il ne s’est rien passé. La pression est moins forte ici », poursuit-elle. Il y a trois ans, à Shenzhen, 18 personnes s’étaient suicidées en se jetant par les fenêtres des dortoirs de cette « iPod city » – surnom donné à la manufacture historique du groupe où est assemblé le célèbre baladeur d’Apple.
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