L’affaire Depardieu et l’exil fiscal

Article publié par l’Initiative Communiste-Ouvrière :

Depardieu annonce qu’il s’exile en Belgique, pour bénéficier des douceurs du climat fiscal. Cela suscite une vague de réprobation, artistes et politiques à l’unisson, pour dénoncer sa trahison. Bien plus de bruit que pour le ministre Cahuzac, soupçonné par la presse d’avoir possédé un compte bancaire en suisse et d’avoir cherché à s’en débarrasser discrètement pour éviter que cela compromette sa carrière politique.

Depardieu est comme tous les riches, surtout depuis qu’il a investi sa fortune d’artiste dans des restaurants de luxes, des vignes et des sociétés de production, c’est-à-dire qu’il est devenu patron. Sans doute sa notoriété d’acteur populaire et d‘ancien homme « de gauche » le place-t-il plus sous les feux de la rampe lorsqu’il essaie d’échapper au fisc. mais, peu ou prou, tous les patrons le font ou tentent de le faire lorsqu’ils sont assez riches pour se le permettre. Ce geste est vu comme un manque de solidarité nationale, au moment où l’État affronte la crise de la dette publique.

En réalité, le problème de fonds est ailleurs : pourquoi l’exil fiscal est-il possible ? D’abord, parce qu’il y a des riches qui y ont intérêt. Les salariés, quand ils sont imposables, n’ont pas les mêmes possibilités de trouver des subterfuges plus élaborés que ceux que propose le numéro spécial de la VO Impôts pour diminuer leurs charges. Donc, cela pose la question des savoir pourquoi il y a des riches, qu’est-ce qui justifie les inégalités de richesses ? D’autre part, pourquoi est-ce que les impôts différents dans chaque pays ?

Dans le monde capitaliste, ça n’est pas simplement une question politique interne à chaque pays : certains se sont fait une niche économique particulière que d’accueillir des capitaux, des sociétés écran, des pavillons maritimes de complaisance, voire, comme la Belgique, des « exilés » fiscaux qu’on accueille plus volontiers que les demandeurs d’asile – à commencer par la plupart des immenses fortunes du Nord-Pas-de-Calais, qui sont officiellement domiciliés de l’autre côté de la frontière toute proche.

Il existe un véritable marché mondial des impôts, une concurrence entre les États pour capter la meilleure part du gâteau fiscal. La lutte contre l’exil fiscal et les « paradis fiscaux », thème souvent rebattu, butte en permanence sur cet écueil : le problème est inscrit dans les fondements mêmes du système capitaliste, dans la division du monde en États rivaux et en inégalités de fortune. On peut reprouver la provocation de tel ou tel acteur, tel ou tel patron, mais il ne faut pas oublier que c’est le capitalisme tout entier qui leur permet de le faire.

Une réponse à “L’affaire Depardieu et l’exil fiscal

  1. Je rigole quand un gouvernement socialiste en est réduit à invoquer le patriotisme pour convaincre les riches de rester payer des impôts.
    Et s’il n’y avait pas de riche, qui paierait des impôts d’un montant un peu intéressant?
    Le communisme n’a marché nulle part.et le capitalisme montre ses limites avec le triomphe de la finance et de la consommation, les démocraties doivent trouver d’autres idées.

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