Cambodge : Grève nationale dans le textile pour un doublement des salaires

Global Voice, 29 décembre 2013 :

Des dizaines de milliers de travailleurs de l’habillement ont participé au Cambodge à une grève nationale pour exiger du gouvernement qu’il augmente le salaire minimum mensuel à 160 dollars. Le salaire minimum actuel n’est que de 80 dollars et le conseil du travail n’est prêt à accorder qu’une hausse de 15 dollars sur le salaire de base. Un responsable gouvernemental a aussi indiqué aux ouvriers que leur revendication d’un salaire minimum de 160 dollars ne sera satisfaite qu’en 2018.

Cambo

Le secteur de l’habillement représente 5 milliards de dollars d’exportations au Cambodge et emploie plus de 600.000 travailleurs.

Les ouvriers en grève ont dressé des barrages à Phnom Penh en plus de leur manifestation devant le Ministère du Travail. Alors que le mouvement continue à prendre de l’ampleur, les usines ont reçu l’ordre de s’arrêter. John Vink raconte :

« Le barrage devant le Ministère du Travail a été maintenu toute la journée par les ouvriers en grève pour une augmentation de salaire. Un autre barrage, devant la Zone Économique Spéciale de Kambol, à quelque 19 km de Phnom Penh, a été monté par des grévistes après avoir été refoulés par la police anti-émeutes quand ils avaient essayé de pénétrer la Zone. La Zone Économique Spéciale a été bouclée avec une double hauteur de caisses et des clôtures de barbelés. »

La manifestation des ouvriers de l’habillement devant le Ministère du Travail se poursuit dans le calme mais beaucoup disent leur colère contre le gouvernement qui ignore leurs difficultés économiques.

Manifestation ouvrière devant le ministère du travail, 27 décembre

Manifestation ouvrière devant le ministère du travail, 27 décembre

Autre photo de ce matin quand 2000 ouvriers d’usine bloquent la rue devant le Ministère du Travail :

27 décembre : devant le ministère du travail

27 décembre : devant le ministère du travail

Manifestation ouvrière, 27 décembre

Manifestation ouvrière, 27 décembre

Les ouvriers ont eu le soutien du Parti du sauvetage national du Cambodge, dans l’opposition, qui a publié une déclaration en faveur de la revendication d’un salaire minimum de 160 dollars : « Si le salaire minimum n’est pas augmenté à 160 dollars immédiatement, la hausse des prix alimentaires et du coût de la vie rendra impossible aux travailleurs de l’habillement de faire face à leurs besoins élémentaires, et les grèves qui ont récemment engagé le secteur de l’habillement vont continuer. »

L’opposition tient des manifestations quotidiennes au Parc de la Liberté à Phnom Penh pour réclamer le renvoi de l’actuel gouvernement, accusé d’avoir manipulé les résultats des élections de cette année. Le Premier Ministre Hun Sen exerce le pouvoir depuis trois décennies bien que son parti ait perdu beaucoup de siège au dernier scrutin parlementaire.

De nombreux grévistes ont rejoint le rassemblement des opposants, ce qui pourrait fragiliser encore plus le gouvernement Hun Sen. Les syndicats ont promis de poursuivre les actions de protestation jusqu’à satisfaction de leur revendication.

Pendant ce temps, les patrons des usines ont mis en garde que la poursuite des grèves va nuire à l’économie locale et à la situation des ouvriers. Ils ont aussi exhorté le gouvernement à adopter une ‘tolérance zéro envers les grèves illégales.’ Un appel critiqué par le Centre cambodgien pour les Droits de l’homme, qui veut voir traitées les ‘racines du conflit du travail’ :

« Le CCDH est inquiet que de telles déclarations appelant à la tolérance zéro envers les grèves illégales ne feront qu’exacerber les problèmes dans le secteur de l’habillement. Que la grève soit légale ou pas, une politique de tolérance zéro ne fera qu’ignorer les causes à l’origine du conflit et conduira très probablement à de nouvelles répressions violentes contre les ouvriers et les syndicalistes. »

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