Marianne, 5 juin 2015 :
Frédéric Amiel est membre du syndicat Asso, une structure qui créée en 2010 et qui regroupe des salariés du secteur associatif. Il réagit après la révélation des entorses faites par la Croix-Rouge au droit du travail.
Marianne : La Croix Rouge a été récemment épinglée par l’Inspection du travail pour son « organisation du travail illégale, dangereuse et pathogène ». Fin 2013, c’était Emmaüs qui se faisait taper sur les doigts. En 2010, les salariés du Samu social de Paris se mettaient en grève pour que soit respecté le Code du travail. Que se passe-t-il dans le secteur associatif ?
Frédéric Amiel : Depuis quelques années, nous constatons de plus en plus de situations de souffrance au travail chez les salariés des associations. Quelle que soit l’association, il y a, de la part de l’employeur, une méconnaissance du droit du travail et une difficulté, pour le salarié souvent militant, de faire valoir ses droits. La pression est de plus en plus forte sur le secteur associatif. L’Etat a procédé à des coupes budgétaires qui ont eu deux conséquences : les subventions publiques aux associations ont été impactées, ainsi que celles des collectivités locales. Ces dernières ont donc arrêté de fournir certains services et ce sont les associations qui ont pris le relais. On demande beaucoup aux associations et donc aux salariés. Il n’est pas rare, par exemple, qu’un employeur fasse du « chantage affectif » à ses salariés. On fait comprendre aux personnes qu’elles sont dans une association et qu’elles n’ont donc pas à compter leurs heures. Et les salariés n’osent pas dire non… Ce n’est pas normal ! Nous avons monté le syndicat Asso en 2010 pour que les salariés défendent leurs droits et soient conscients que c’est une démarche légitime.
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