RFI, 18 janvier 2012 :
Au Nigeria, les autorités essuient de vives critiques après l’intervention de l’armée contre les manifestations, lundi. Aucun blessé n’est à déplorer, mais la présence militaire est encore manifeste dans les rues de Lagos. La grève générale a été suspendue, tandis que le mécontentement se poursuit. Pour l’heure, non plus dans la rue comme la semaine dernière, mais dans les conversations.
« Non, mais bon… » : ces mots sont symptomatiques et redondants. Depuis la suspension de la grève générale lundi, les Nigérians tergiversent. L‘activité a repris son cours normal à Lagos, la capitale économique, mais les populations sont hésitantes. Entre nécessité de survivre et envie d’obtenir gain de cause, difficile de choisir.
Le président a certes concédé le rétablissement de la subvention sur l’essence, mais à un niveau moindre que par le passé, le prix du litre a diminué de 30 %. Est-ce suffisant ? Les principales centrales syndicales se murent dans le silence.
Les autres mouvements eux, se désolidarisent. Mardi, la coalition Joint action front (JAF), a demandé l’arrêt immédiat et inconditionnel de l’occupation par les soldats des lieux de manifestation.
Le dirigeant du groupe Save Nigeria, le pasteur Tunde Bakare, a quant à lui invité les Nigérians à « un rassemblement de la victoire, ce samedi ».
Un propos ironique de la part de cet opposant, que certains accusent de récupérer le mécontentement populaire à des fins politiques. Quoi qu’il en soit, les Nigérians sont amers. « Match nul, estime un cadre, on n’a pas supprimé totalement la subvention sur l’essence, mais on subit quand même l’inflation », dit-il.
Dans les boutiques, les prix des denrées sont toujours aussi élevés. Et il n’est pas certain qu’ils diminuent dans les prochains jours.