Article de Camille Boudjak, militant à l’Initiative Communiste-Ouvrière
« Ni religieuse, ni nationale, notre identité c’est l’humanité » est un slogan régulièrement affirmé par les communistes-ouvriers, tant en Europe qu’au Moyen-Orient.
En France, ce slogan est avant tout destiné à répondre aux campagnes réactionnaires du gouvernement sur « l’identité nationale » ainsi qu’aux délires chauvins, racistes et xénophobes de l’extrême-droite. Mais, au-delà du contexte de telle ou telle région du monde, il s’agit bien par là de refuser tout nationalisme et les prétendues « identités nationales ».
Notons tout d’abord qu’il ne s’agit pas, pour nous, pour reprendre les mots d’un lecteur, d’une tare d’être « né quelque part et de ne pas en avoir honte », mais il semble qu’il y a là une confusion entre ce qui peut être l’attachement à un endroit où l’on a grandit, aux berceuses que pouvaient nous chanter nos grand-mères dans des langues que parfois on ne parle pas, à des paysages ou des musiques qui peuvent nous rappeler notre enfance ou notre jeunesse et le nationalisme. Ce sentiment d’attachement à un lieu chargé de souvenirs peut exister autour d’un village, c’est l’attachement à ce qui s’appelle « Heimat » en allemand, mot que l’on ne peut traduire en français, comme cela peut être celui à une cité HLM. Lorsque une municipalité décide de détruire des tours HLM, bien des gens regardent cette destruction avec nostalgie parce que ce sont les tours où ils ont grandi, connu leurs premières histoires d’amour, etc. Ce même sentiment peut exister pour des langues, des musiques, des plats, des fêtes… Ce sentiment là, d’ailleurs, est souvent plus lié à l’endroit où l’on a grandi, à celui où on a des souvenirs, plus qu’à celui où on est né. Il peut même s’agir de plusieurs endroits, parfois distants de centaines ou de milliers de kilomètres, comme à la fois le quartier où on a grandi et le bled où on a passé nos vacances d’été dans la famille. Parfois, on peut même avoir le sentiment de retrouver une « Heimat » dans un lieu où on n’a jamais été, mais dont on a tant entendu parler. Nous sommes là dans le domaine de sentiments humains que les communistes n’ont pas à juger.