La Dépêche, 18 janvier 2012 :
Midi. Les manifestants qui devaient se cantonner à la place Sainte-Hélène ont déjà commencé à remonter l’avenue Frédéric Soulié. CGT, CFDT, FSU, UNSA, Solidaires et les autres, sans compter les dizaines de collégiens et lycéens s’échauffent dans le cortège. Ils sont 1000 selon les syndicats, 400 selon les forces de l’ordre. À un kilomètre et demi, guère plus, dans la salle de la Rijole, Nicolas Sarkozy adresse ses vœux aux représentants de la ruralité ariégeoise. Et à défaut de se faire voir, ses détracteurs tentent de se faire entendre.
« C’est un scandale de n’avoir pas pu nous laisser accéder à la Rijole. Nous sommes parqués comme du bétail », s’indigne cette femme, employée à la mairie de Foix. Pas si parqués, puisqu’ils se sont autorisés à s’aventurer en terre interdite si l’on peut dire, remontant progressivement le long de la sous-préfecture. Pour autant, dans les rangs du cortège, beaucoup de colère, mais aucune violence. Bien sûr, quelques quolibets, mais pas de provocation face au barrage de CRS qui se tient juste au-dessus d’eux. Pourtant, subitement, c’est la panique. Après les sommations données sans porte-voix, un nuage de fumée blanche monte au-dessus de la foule, et les premiers manifestants font marche arrière illico, se couvrant le visage comme ils peuvent. Le gaz lacrymogène atteint peu à peu les personnes les plus proches. Beaucoup de gens âgés, qui s’enfuient tant bien que mal. « Respirez tranquillement, respirez tranquillement ! » Des voix tentent de calmer les esprits. En quelques minutes, forcément, la quasi-totalité de la foule a reculé. Plusieurs manifestants, au sol, peinent à se remettre de l’attaque au gaz.