Le 11 novembre, à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de la Pologne, des groupes d’extrême-droite racistes et néo-fascistes voulaient manifester dans les rues de Varsovie.
Une large coalition d’organisations antifascistes, anarchistes, trotskistes, féministes, antiracistes, etc. avait appelé à une mobilisation pour barrer la route à la manifestation d’extrême-droite.
Voilà leur appel :
Comme chaque année, le 11 novembre, les nationalistes et les néo-fascistes de différentes organisations planifient un défilé dans les rues de Varsovie. Nous ne voulons pas que les supporters de l’idéologie xénophobe et raciste, qui sont fières de leurs liens avec les organisations fascistes d’avant-guerre, passent encore une fois à travers la capitale. N’ayant pas oublié les précédentes expériences, nous sommes persuadés qu’il faut s’opposer au mouvement national de plus en plus fort. Depuis deux ans nous essayons de bloquer leur defilé. Nous seront capables de le faire seulement si nous sommes nombreux.
Nous sommes un groupe de personnes et d’environnements différents. Ce qui nous réunit c’est l’opposition au fascisme. Nous prévoyons une démonstration pendant le défilé fasciste. Nous voulons le bloquer. Nous allons exercer nos droits citoyens. Nous invitons tous les habitants de Varsovie et tous ceux qui veulent venir à Varsovie à s’opposer activement aux fascistes. Nous comptons sur vous. Nous voudrions que vous participiez aux préparations, que vous arriviez dans le lieu et le temps proposés, que vous prépariez les bannières et informiez vous amis de ces activités. Nous comptons sur votre présence.
Des militant(e)s antifascistes de toute la Pologne, mais aussi de pays comme l’Allemagne, le Bélarus ou la République Tchèque, se sont donc retrouvés à Varsovie pour bloquer le passage de la manifestation raciste (photos tirées du site polonais Iskra).
Le nombre des contre-manifestants a permis de bloquer la manifestation de l’extrême-droite.
Bloquée autour de la Place de la Constitution, la manifestation des néo-nazis et des nationalistes s’est transformée en émeutes. Hurlant « Dieu, honneur, patrie », des groupes de néo-nazis ont alors cherché l’affrontement d’abord avec la police puis avec les antifascistes et finalement avec tous ceux ou toutes celles soupçonnés de « gauchisme ».

Un jeune reporter battu par des néo-nazis le 11 novembre à Varsovie
On compte en tout plus de 40 blessés par les violences des néo-fascistes, dont six grièvement. Il est à noter qu’avant même le début de la manifestation, dans la matinée du 11 novembre, des groupes de néo-nazis avaient commencé à semer la terreur dans les rues de Varsovie.
La mobilisation des antifascistes, elle, a permis de ne pas laisser ces bandes de brutes déferler sur toute la ville, les repoussant à plusieurs reprises comme sur cette vidéo :
La presse, en Pologne comme à l’étranger, a présenté cette journée comme des affrontements entre « extrême-gauche » et « extrême-droite », sans parler du contexte et en particulier que c’est l’extrême-droite qui a déclenché une émeute.
La télévision polonaise a beaucoup insisté sur l’arrestation de quatre-vingt douze antifascistes allemands. Aussi la coalition qui avait organisé la manifestation antifasciste a organisé lundi une conférence de presse avec des antifascistes allemands sortant de garde-à-vue.

Antifascistes allemands lors de la conférence de presse à Varsovie
En plus de rappeler les évènements du 11 novembre, cette conférence de presse a aussi été l’occasion de dénoncer les conditions de la garde à vue pour ces antifascistes. Certains ont été battus, d’autres menacés pour leur faire signer des déclarations en polonais, privés de toilettes, ou du droit de contacter un avocat. (plus d’informations en polonais ici)