Article paru dans « Communisme-Ouvrier n°14« , bulletin de l’Initiative Communiste-Ouvrière, novembre 2011 :
Jeudi 13 octobre 2011, Lise Bonnafous, prof de maths âgée de 44 ans, s’est suicidée en s’immolant par le feu, devant les élèves, dans la cour du lycée où elle enseignait depuis 10 ans, le plus grand de l’agglomération de Béziers. S’il y a régulièrement des suicides de profs sur leur lieu de travail (pendaison, coup de feu…), c’est la première fois qu’un tel acte, l’immolation, a lieu au sein de l’Éducation nationale. Il y a eu pourtant assez peu de réactions : quelques débrayages ont eu lieu dans la région, une manifestation à Montpellier, mais au niveau national le syndicat majoritaire n’a proposé qu’une minute de silence en salle des profs. Le ministre, quant à lui, a présenté Lise Bonnafous comme fragile et suivie médicalement et n’a pas jugé utile de se rendre à ses obsèques. L’ A.G. de l’établissement a réagi vivement : « Luc Chatel a menti, elle n’était pas suivie médicalement, ni fragile, mais consciencieuse, compétente, aimant son travail et courageuse ». Il eût été bien commode de pouvoir mettre son immolation au compte d’une dépression : dans tous les suicides sur le lieu de travail, pour l’employeur, raison médicale vaut mieux que raison managériale. « Nous sommes tous fragiles » ont répondu des lycéens de Béziers.

Le taux de suicide des enseignants est de 39 par an pour 100.000 [*], dans un métier sans médecine du travail, où les conditions de travail se sont dégradées avec la suppression d’un poste d’enseignant sur 10 en 5 ans et où la pression mise sur les personnels (contrats, projets, entretiens, objectifs…) contribue activement au développement de la souffrance et de l’épuisement au travail, le burn-out. Une enquête de la mutuelle, la MGEN, révèle que 17% des enseignants, et surtout les plus jeunes, sont en situation de burn-out.
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