Caen : un délai d’un an accordé aux occupants de l’immeuble de la rue de la Charité

C’est assez rare pour être signalé…  un immeuble appartenant à la mairie de Caen et occupé par l’AG de lutte contre toutes les expulsions pour y héberger les demandeurs d’asile que l’État n’héberge pas/plus, vient d’avoir un jugement d’expulsion mais en obtenant 12 mois de délais. Certains pourront respirer au moins un peu. Il ne s agit pas de la compassion des juges mais bien de l’un des résultats de la lutte qui est entrée dans sa troisième année.

Normandie Actu, 18 août 2015 :

Mardi 18 août 2015, un délai de 12 mois a été accordé aux occupants de l’immeuble de la rue de la Charité, à Caen. « Une très bonne nouvelle », a commenté Patrick Arz, porte-parole de l’Assemblée générale de lutte contre toutes les exclusions, auprès de Liberté.

Jeudi 9 juillet 2015, au tribunal de grande instance de Caen (Calvados), Me Clément Cavelier s’est positionné contre l’expulsion d’une quarantaine de personnes qui occupent illégalement un immeuble du quartier de la Guérinière, à Caen. Le 8 juin 2015, la Ville de Caen avait entamé une procédure d’expulsion, alors que le squat venait « d’être officiellement ouvert » par une association.
L’avocat demande un délai

Rue de la Charité, dans le secteur de la Guérinière, à Caen, parmi les résidences, un immeuble entièrement recouvert de banderoles « solidarité avec les expulsés ». Dans la cour, passé une grille en métal grande ouverte, une dizaine d’enfants et d’adultes sont assis en cercle. Tous le sourire aux lèvres : on épluche les légumes sur le bitume. Personne ne parle français, à l’exception d’un jeune garçon d’un quinzaine d’années : « Cela fait un moment qu’ils sont ici. Nous sommes mongols. Une partie de ma famille habite là. Moi je suis à Lisieux pour l’instant. Ils devraient être bientôt expulsés apparemment ».

Jeudi 9 juillet 2015, la Ville de Caen confirme sa décision auprès de Normandie-actu : « Ce bâtiment est une propriété de la Ville, et ces occupations sont illégales. C’est pourquoi nous avons lancé une procédure d’expulsion, le 8 juin 2015 ». Contacté par Normandie-actu, l’avocat des réfugiés précise :

Ces gens se sont retrouvés à la rue, du jour au lendemain, parce qu’il n’y a plus de places pour eux dans les logements prévus initialement. Ce sont des demandeurs d’asile. Or, c’est une obligation pour l’État de donner un logement à ceux qui font des demandes d’asile sur son territoire. C’est pourquoi j’ai demandé un délai d’expulsion au juge. Le délibéré sera rendu le 18 août ».

Des hébergements saturés

En novembre 2014, après une vive réaction de la part de certains habitants, l’ouverture d’un nouveau centre d’hébergement provisoire à Saint-Contest, près de Caen, était annulée. Pour pallier le manque de places, la Ville a donc installé des bungalows, provisoirement, sur la Presqu’île de Caen. Ils sont aujourd’hui habités par une soixantaine de personnes. Selon Me Cavelier, les dispositifs d’accueil d’urgence sont saturés dans le Calvados, et ce, depuis deux ans. Une situation qui a engendré l’augmentation des emménagements illégaux des réfugiés dans des squats.

Au téléphone, l’avocat de Caen insiste : « Les locaux occupés par ces personnes sont des habitations qui sont à l’abandon, qui ne servent à rien, ni à personne. Ils reprennent juste leur fonction initiale : offrir un toit à des personnes qui en ont besoin. »

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