Des ouvriers sans salaire depuis août 2015 : Une situation devenue courante en Chine

Epoch Time, 8 janvier 2015 :

Le 8 février prochain aura lieu le Nouvel an chinois. C’est la fête la plus célébrée par les foyers chinois. En conséquence, la fin de l’année est marquée par le grand retour des travailleurs immigrés dans leur région natale. Pourtant beaucoup d’entre eux ont été contraints cette année de différer leur voyage, n’ayant pas été payés pour leur travail effectué depuis plusieurs mois. Ce problème touche particulièrement l’industrie du bâtiment.

« Les jours se suivent et s’enchaînent ; je n’ai reçu aucun salaire depuis quatre mois », se plaint Luo Yixue, un travailleur immigré de la province Sichuan, auprès de l’agence de presse d’État Xinhua. Sans avoir été payé depuis des mois, Luo n’arrive même pas à s’offrir un billet pour retourner chez lui.

Au mois de décembre, en l’espace de deux semaines, la Haute cour du peuple de Henan – une province du centre de la Chine – a entendu plus de 6700 plaintes d’immigrés, dans l’attente au total de plus de 44 millions d’euros de salaires.

Deux immeubles avec bail commercial sur le point d’être achevés se hissent fièrement dans une rue de Zhengzhou. Au pied des bâtiments se trouvent les abris de fortune que se sont construits les ouvriers du chantier. Luo et les autres n’ont plus été payés depuis le 20 août, tandis que les travaux ont été terminés depuis quatre mois. Ils sont restés sur les lieux, attendant encore après les 8000 € environ qu’ils ont gagné à eux tous.

« Mon patron ne m’a donné que 141 € depuis le mois d’août pour mes frais du quotidien », a déclaré Luo. « On arrive seulement à s’acheter les légumes les moins chers, ou sinon on récupère les légumes invendus du marché. Chacun d’entre nous dépense moins d’1,54 € par jour. »

Luo confie qu’il se sent triste en regardant les immeubles flambant neufs, comparé à la joie qu’il avait au début du chantier, lorsqu’il croyait gagner de l’argent en contrepartie de son travail. Il n’aurait jamais pu imaginer qu’il allait ne pas être payé et qu’il aurait travaillé pour rien.

« Ce problème existe depuis longtemps, étant donné que les immigrés sont le groupe de travailleurs le plus vulnérable dans la société. » — Huang Qi, militant des droits de l’homme

Huang Qi, militant des droits de l’homme dans la province Sichuan, a dénoncé sur les ondes de Radio Free Asia ce phénomène comme étant devenu un phénomène courant à l’échelle nationale.

« Ce problème existe depuis longtemps, étant donné que les immigrés sont le groupe de travailleurs le plus vulnérable dans la société, dont les droits ne peuvent pas être assurés. Les employeurs et les superviseurs osent retarder le paiement des salaires parce qu’ils ont des appuis derrière eux. »

Yu Dandan, avocat de la firme Dacheng à Pékin, témoigne à Xinhua qu’il y a de nombreux ouvriers qui travaillent sans contrat, sans aucun écrit formel. Alors quand les paiements prennent du retard, l’absence de certificat de travail ou d’embauche ajouté à la longueur du processus pour faire appel rendent ardue la tache de défendre les droits de ces travailleurs immigrés.

De plus, ceux qui supervisent les chantiers ne sont pas ceux qui emploient, donc les agences gouvernementales se rejettent la faute l’une l’autre, rendant plus difficile encore la récupération de sa paye.

Les ouvriers du bâtiment sont les plus touchés par ce problème. Comme Huang l’indiquait, le marché immobilier ne fonctionne pas bien en Chine. Nombreuses sont les agences à écouler tous leurs fonds dans l’achat de terrain, alors que les coûts de construction n’ont pas été estimés, avant d’avoir pu vendre les constructions. Par conséquent, retenir le salaire des travailleurs vulnérables comme les ouvriers immigrés est devenue progressivement une pratique courante.

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