Article de Leone Lantana paru dans le n°66 du bulletin Communisme-Ouvrier de juin 2016
Le gouvernement, conforté par la position de certaines centrales syndicales, se défend d’avancées inédites pour intégrer dans la loi les grandes transformations du monde du travail. Entre l’ère numérique et la précarité de l’emploi, la modernité se teinte de passéisme lorsqu’on demande aux travailleur/ses de passer leur vie, leur temps à être exploité-es et toujours exploitables.
Le droit à la déconnexion et le télétravail, défendus comme un droit au repos et une manière de mieux s’investir dans sa vie privée, seraient encadrés par la négociation collective. Un accord ou une charte devrait changer la vie de celles et ceux qui ne comptent plus leurs heures.
Le Code du travail interdit déjà le travail dissimulé, le travail qu’on ne dit pas car on l’effectue le soir ou chez soi. Il pose également des limites à la charge de travail supportée par les salarié-es au forfait, exhortant les employeurs à respecter leur vie privée. Pourquoi ces règles ne sont-elles pas déjà respectées ? Avec la loi El Khomri, tout se passe comme s’il fallait obliger les salariés à limiter leur investissement dans le travail et déresponsabiliser l’employeur en cas de sur-travail. Ce n’est pas comme si les jugements des tribunaux s’étaient multipliés en faveur des salarié-es concluant de fait aux torts des employeurs.