Archives de Tag: démocratie

« IL FAUT EN FINIR AVEC L’ANCIEN RÉGIME DANS L’ENTREPRISE »

Interview de Nicolas Dessaux par Camile Boudjak parue dans le n°66 du bulletin Communisme-Ouvrier de juin 2016

Camille Boudjak : La loi travail propose une mesure pour généraliser les référendums dans les entreprises. Est-ce que ça n’est pas un pas vers la démocratie dans l’entreprise ?

Nicolas Dessaux : Dans les histoires, les bandits sortent des buissons en criant « la bourse ou la vie ?! ». Dans les conditions actuelles, le référendum d’entreprise ressemble à cela. C’est le patron qui pose la question et les salariés qui y répondent. Il est libre d’exercer une chantage : « vous acceptez ma proposition ou bien je ferme la boutique », comme cela s’est déjà vu. Ils pratiquent déjà suffisamment cela dans les négociations avec les syndicats. Il peut également jouer sur la détresse financière des salariés pour faire passer des mesures qui leur sont en réalité défavorables, sur le travail du dimanche ou les heures supplémentaires. La hiérarchie peut exercer des pressions sur certains salariés pour obtenir la majorité. Bref, c’est une arme supplémentaire qu’on offre au patronat pour s’attaquer aux salariés.

Des dispositions légales existent déjà depuis 2010, mais elles sont relativement encadrées puisque la liste des sujets ouverts à référendum est limitée. Cette proposition sur les référendums est en fait complémentaire de ce qu’on appelle l’« inversion de la hiérarchie des normes », c’est-à-dire qu’il s’agit de démanteler le code du travail en lui substituant des accords d’entreprises. Il s’agit une fois de plus d’atomiser le monde du travail, d’isoler les salariés boîte par boîte.

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7ème jour de révolte en Macédoine. Trois témoignages de manifestant-es pour « Solidarité Ouvrière »

7ème jour de révolte en Macédoine a connu des nouvelles manifestations, pas seulement dans la capitale mais dans toutes les villes à travers le pays.

Le risque de violence. Le collectif « les citoyens pour la défense de la Macédoine », plus connu comme « les patriotes » ultra-nationaliste et pro-gouvernemental qui organisait des contre-manifestations depuis le début afin d’intimider les manifestant-es et provoquer les conflits avec des « minorités » d’autres nationalités, a d’abord annoncé qu’il abandonnait toute nouvelle mobilisation, surement faute de « combattants ». Néanmoins, ce matin le régime, malgré le risque d’escalade de violence, appelle à des contre-manifestations jeudi 21 avril au même moment où le mouvement social avait prévu de descendre dans les rues comme tous les jours depuis 13 avril. 

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Président Ivanov a aussi annoncé ce week-end des nouvelles élections pour le 5 juin afin de calmer les manifestants, ce que le parti principal d’opposition a refusé. Mais c’est surtout la rue, avec un mouvement qui ne faiblit pas et se propage à travers le pays, qui envoie un signal clair : la démission du président n’est pas négociable.

Le blog « Solidarité Ouvrière » a reçu des témoignages des manifestant-es, retranscrits ci-dessous, qui illustrent  l’état d’esprit.

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Pour cinq cent signatures de plus…

Article publié dans “Communisme-Ouvrier” n°17, bulletin de l’Initiative Communiste-Ouvrière :

En France, la mascarade présidentielle commence, rituellement, par la recherche des fameuses « cinq cent signatures » nécessaires pour être candidat. L’existence de cette procédure est une belle illustration de la conception bourgeoise de la démocratie, et du fonctionnement réel de l’État capitaliste.

Un petit rappel historique, tout d’abord : sous les troisième et quatrième républiques, le président avait une fonction assez limitée, plus symbolique qu’autre chose, tandis que la réalité de l’exécutif était confiée au président du conseil, c’est-à-dire au premier ministre, responsable devant l’assemblée nationale. La constitution de la cinquième république, le fameux « coup d’état permanent », avait renforcé les pouvoirs du président, un rôle taillé sur mesure pour le général de Gaulle. Mais il restait élu par le parlement, jusqu’à l’institution de l‘élection au suffrage universel direct ; en apparence plus démocratique, ce changement visait à renforcer la stabilité et la puissance du pouvoir exécutif.

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