Paris Normandie, 17 juin 2016 :
Deux jours après la manifestation nationale contre la loi Travail à Paris, un jeune docker du Havre (Seine-Maritime), âgé de 26 ans, était jugé en comparution immédiate, jeudi 16 juin 2016, devant la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Il lui est reproché d’avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, et d’avoir résisté lors de son interpellation.
Selon son avocate, Me Élodie Tuaillon-Hibon, cette interpellation est « une tentative d’intimidation » à l’encontre des syndicats engagés dans le mouvement social contre la loi Travail.
« C’est un homme bien intégré, bien dans sa tête. Un docker du Havre respectueux de la loi et de l’autorité, et habitué des manifestations dans sa ville, où il n’y a jamais de confrontation avec les forces de l’ordre. »
Le jeune homme aurait été interpellé pour des faits de violences à l’encontre de dépositaires de l’autorité publique, et rébellion, lors de son interpellation. Selon son avocate, son interpellation a eu lieu « pendant que le groupe de manifestants, où il se trouvait, était chargé et gazé par les forces de l’ordre ». Ces derniers rejoignaient alors les bus.
« Je conteste avec la plus grande énergie, et j’espère la relaxe pour mon client. »
Le prévenu aurait consommé de l’alcool lors de la manifestation, mais son avocate précise que « son taux d’alcoolémie n’était pas élevé ». Une charge qui n’aurait pas été retenue contre lui.
Audience reportée en juillet 2016
Me Élodie Tuaillon-Hibon présente son client comme un homme qui a été « salement amoché ».
Il avait son Tee-shirt déchiré, des éraflures, des plaies des hématomes. Il était extrêmement choqué par son interpellation, et très mal, après 48 heures de garde à vue. Ça faisait deux jours qu’il n’avait pas vu ses enfants.
À l’audience, le prévenu était « calme et posé », selon son avocate, « combatif et déterminé », alors qu’un report d’audience a été demandé, pour préparer sa défense.
L’audience a finalement été reportée au mercredi 27 juillet 2016, le mis en cause a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se rendre à Paris et de quitter le territoire national. « Le parquet avait demandé une détention provisoire dans l’attente de son procès, c’est incroyable ! » s’insurge l’avocate, qui évoque la vie de famille de ce jeune homme, père de deux jeunes enfants.
Ce procès s’est déroulé alors que la CGT évoquait « de la légitime riposte », de la part des dockers, lors de la manifestation. « Il n’y a aucun casseur chez les dockers », avait réagit la CGT dockers du Havre.