Manifestation anti-austérité à Genève

La Tribune de Genève, 28 mai 2016 :

Environ 1 millier de personnes défilent dans les rues genevoises, dans une ambiance bonne enfant mais déterminée.

On se croirait à l’arrivée de la traditionnelle course de l’Escalade. Sauf que c’est un départ qui a lieu aujourd’hui dans le parc des Bastions. Celui de la manifestation organisée à l’appel du Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs (SIT). Syndicats, étudiants, collégiens, familles, jeunes et moins jeunes se sont déplacés en masse pour protester contre les «politiques d’austérité» qui risquent d’entraîner «une dégradation sans précédent des conditions de vie», selon le syndicat SIT. Coupes dans le social, gel des subventions aux milieux culturels et sportifs, augmentation du temps de travail ou encore diminution des rentes vieillesse: autant de points de mécontentement qui poussent aujourd’hui les Genevois dans la rue. Une banderole en tête de manifestation résume: «Nous valons mieux que leurs profits.»

A vue d’œil, environ 600 personnes ont fait le déplacement. Un nombre appelé à augmenter. L’ambiance est bonne enfant, mais déterminée. Sur la Place Neuve résonne une voix parodiant celle des TPG, diffusée depuis la sono de l’association des étudiants: «Chers clients, chères clientes, en raison de la grosse manifestation contre l’austérité, toutes nos lignes sont en service gratuit jusqu’à nouvel ordre.» De toute évidence, les gens ne sont pas venus pour se taire. «Nous allons faire un ‘max’ de bruit dans cette ville», déclare Pablo Cruchon, coordinateur de la manifestation et membre de SolidaritéS.

Un fort déploiement policier

Aux alentours de 16h, le cortège se met en marche pour descendre la rue de la Corraterie, devenue en quelques minutes totalement noire de monde. A l’estimation de 600 personnes, l’on peut désormais en ajouter environ 400.

La manifestation mobilise en outre un fort déploiement policier. Alors que le cortège n’avait pas encore commencé, la police serait déjà intervenue pour procéder à «plusieurs arrestations» de militants, au moment où ceux-ci rejoignaient le lieu de rendez-vous, selon Pablo Cruchon, qui dénonce une remise en question de la liberté de manifester à Genève. Et aux abords des sites sensibles (en particulier les banques), les forces de l’ordre veillent. La situation est sous contrôle.

Des slogans frontaux et des fleurs

C’est un cortège de plus de 500 mètres qui envahi ensuite les Rues Basses, en pleine heure commerciale. Du jamais vu, de mémoire de journaliste. Les passants, sur les trottoirs, regardent se déverser la marée humaine, dont l’impact sonore, visuel et physique est certain. Les étudiants, en tête de cortège, sont particulièrement bruyant. Les slogans anti-police particulièrement nombreux. De toute évidence, le mot d’ordre de «faire du bruit» a été entendu. Et respecté.

Après les Rues Basses, le pont du Mont-Blanc, bien sûr. Où plus aucune voiture ne circule. Les joggers, eux, en profitent pour traverser le pont en courant, comme un jour de marathon. «Camarades, nous sommes plus de 4000 dans les rues», tonne un organisateur. Un chiffre à valider ultérieurement, bien sûr. Ce qui est certain en revanche, c’est que le mouvement ne s’essouffle pas, tandis qu’il remonte la rue Chantepoulet. Ce malgré une température digne d’un mois de juillet. Le bitume est chaud. Les manifestants, également.

Au milieu de l’agitation générale, une scène capte l’attention: un étudiant fait cueillette de fleurs au pied d’un aménagement paysager d’Urbanature. Il les arrange en bouquet. Puis les offre, en souriant, au commandant opérationnel de la police. Qui les accepte.

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