Panama Papers : l’urgence du contrôle ouvrier

Article publié par l’Initiative Communiste-Ouvrière :

L’affaire Panama Papers n’en finit pas de faire couler de l’encre dans la presse mondiale. Plus de 500 banques sont touchées par l’affaire, dont la Société Générale pour la France ou même la Banque Mondiale. Des patrons, des actionnaires mais aussi des politiciens et chefs d’Etat du monde entier sont éclaboussés, en France on y trouve tant l’ancien ministre PS Cahuzac, Balkany, député de Les Républicain, que Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front National. A l’échelle internationale, se côtoient dans cette liste de riches spécialistes de l’évasion fiscale tant le ministre algérien de l’industrie que le président argentin, le premier ministre de l’Islande que l’ancien directeur des service secret péruviens, le roi d’Arabie Saoudite et un des principaux actionnaires de Cochonou, un haut-fonctionnaire de Corée du Nord que le fils de Magareth Tatcher, un ancien conseiller d’Ariel Sharon que des proches de Mahmoud Abbas, l’actuel président d’Ukraine que des amis de Poutine, des responsables du PCC Chinois, des proches de Chavez, de Bachar Al-Assad comme des hommes d’affaires du monde entier, du PDG de la Société Générale à l’ancien patron de Belgacom, des héritiers de la société Schlumberger au PDG du Groupe Alma, en passant par des patrons de presse ou des trafiquants de drogue internationaux.

Bref, tout ce que la société capitaliste produit de privilégiés friqués, de toute origine, de tout secteur d’activité, de toute obédience politique et de toute confession religieuse, monarques ou républicains, dictateurs ou démocrates, ministres de l’intérieur et maffieux, ont placé leurs fortunes au Panama. Les mêmes qui saoulent leurs peuples de fumées dans leurs guerres et discours nationalistes se retrouvent côte à côte pour placer leur pognon dans une union sacrée des riches et des exploiteurs pour défendre leurs coffres-forts.

Les mêmes qui nous abreuvent de campagnes pour fliquer les chômeurs qui, scandale, toucheraient dix euros de trop, qui renforcent les contrôles quand on est malade pour vérifier qu’on est vraiment trop brisé pour reprendre le travail, les mêmes qui nous imposent des politiques d’austérité et nous expliquent à longueur de journées qu’il faut encore et toujours faire des sacrifices, ont placé leur fric dans des sociétés off-shore pour échapper à l’impôt. Et en France, voilà que des politiciens font mine de découvrir que le Panama est un paradis fiscal !

Mais si scandaleuse que soit l’affaire des Panama Papers, elle n’a rien d’exceptionnel, si ce n’est par son ampleur, dans la société capitaliste. Les scandales financiers et autres affaires de corruption, les détournements de fonds et les paradis fiscaux sont au capitalisme ce que la bière est à la Bavière. Dans quasiment tous les pays capitalistes, le secret bancaire est garanti par la loi. Notons que si l’investissement tel que pratiqué dans l’affaire des Panama Papers est illégal, il existe tout un tas de mécanismes pour, lorsqu’on est riche, échapper à l’impôt en toute légalité. Au delà des législations, il y a aussi la question de la volonté politique. Cela fait des années et des années que des associations et des syndicats des finances publiques mettent en avant les sommes immenses de la fraude fiscale pratiquée par les plus riches. Et pourtant, autant les contrôles sur les allocations-chômage et les minima sociaux sont renforcés, autant aucun moyen efficace n’est mis en place pour réprimer la fraude fiscale. Comment s’en étonner quand on voit, par delà les pays et les appartenances politiques, le nombre de gestionnaires de l’appareil d’Etat qui ont profité des placements au Panama par sociétés off-shore ? Et enfin, il y a le fonctionnement de la justice, institution de classe comme toutes celles de l’Etat bourgeois. Un grand bourgeois saura toujours s’armer d’une multitude d’avocats fiscalistes tandis que bien des prolétaires, quant bien même rien ne saurait justifier l’indu réclamé par la CAF ou Pôle Emploi, se verra immédiatement privé de tel ou tel droit.

La base même du système capitaliste, c’est l’exploitation, le droit divin pour une classe de s’enrichir grâce au travail d’une autre. Sans affaire Panama Papers, le PDG de PSA peut obtenir le doublement de sa rémunération et touché 14.500 euros par jours, samedis et dimanches compris, et ce en toute légalité. Et cette richesse, comme toutes les fortunes des patrons et actionnaires, elle ne tombe pas du ciel. Elle vient de notre travail.On ne peut espérer une « moralisation » du système capitaliste, pas plus qu’on ne peut compter sur les gestionnaires de l’Etat capitaliste pour s’en prendre réellement à la fraude fiscale. Ce n’est pas une question d’honnêteté mais une question d’intérêts de classe.

Par contre, nous, les travailleuses et les travailleurs, nous devrions pouvoir tout contrôler nous-mêmes. Lors d’un licenciement économique, nous pouvons vérifier certains comptes de l’entreprise… mais pas les comptes en banque personnels des patrons et actionnaires, et pourtant cet argent il vient bien de notre travail. Pour ne prendre qu’un exemple en lien avec l’affaire Panama Papers, 37 salariés de l’entreprise Autajon, dans la Sarthe, ont été licenciés pour raisons économiques en 2012. Mais leur patron avait dissimulé 22 millions d’euros via des sociétés offshore dans des paradis fiscaux.

Nous qui produisons tout nous devrions pouvoir tout contrôler ! Nous en avons les moyens, car ce sont aussi des travailleuses et des travailleurs qui bossent dans les banques et aux services comptabilité des entreprises. Une opération de fraude fiscale peut se faire dans le plus grand secret, ce sont toujours des petites mains payées au SMIC qui finalisent les transactions. Mais comme nous l’a montrée la condamnation d’une inspectrice du travail pour « violation du secret professionnel » et « recel de documents confidentiels appartenant à la société Tefal » parce qu’elle avait rendu publics des mails internes à l’entreprise montrant que la direction avait cherché à entraver le travail de l’inspectrice et du CHSCT, la bourgeoisie a mis en place tout un arsenal répressif pour protéger les secrets des patrons, y compris quand ils nous concernent directement. D’ailleurs, même pour les quelques documents qu’ils sont obligés de nous fournir lors des CE, les patrons tentent de nous intimider et de les faire passer pour « confidentiels » afin d’éviter que nous les diffusions et que nous en parlions avec nos collègues. En janvier 2015, un amendement à la Loi Macron proposait de punir quiconque prend connaissance, révèle sans autorisation ou détourne toute information protégée au titre du secret des affaires d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende. Cet amendement a finalement été retiré, mais il montre la volonté de la bourgeoisie de protéger de plus en plus ses petits secrets.

C’est exactement l’inverse qui serait nécessaire : la levée de tous les secrets bancaires, secrets des affaires, secrets commerciaux et autres et la possibilité, à nous les travailleuses et les travailleurs de tout contrôler. Ce contrôle ouvrier serait un premier pas vers le pouvoir ouvrier, tant dans l’entreprise que sur l’ensemble de la société.

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