Libération, 19 février 2016 :
En moyenne, depuis septembre, deux enfants migrants meurent chaque jour dans l’est de la Méditerranée – en mer Egée – en tentant de rejoindre l’Europe. Rien n’a donc changé depuis que le monde s’est ému du sort du petit Aylan Kurdi, retrouvé noyé sur une plage turque début septembre. Ces chiffres, donnés ce vendredi par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Haut Commissariat aux réfugiés et l’Unicef, confirment ce que Libération avait déjà dénoncé le 5 novembre en titrant «Chaque jour, deux Aylan». Depuis Aylan, 340 enfants sont morts selon le comptage de ces agences, mais ils pourraient être plus nombreux, des corps disparus en mer échappant au décompte macabre.
Des gendarmes turcs ramassent le corps d’un enfant retrouvé sur une plage du district de Bademli le 30 janvier.
On estime que 36% des migrants en mer Egée sont des enfants, un pourcentage en hausse qui risque d’accroître le nombre de décès. «C’est une catastrophe humanitaire en cours, dénonce le directeur général de l’OIM, William Lacy Swing. Il ne suffit pas de compter les vies. Il faut agir. Ce problème ne concerne pas seulement la Méditerranée ou l’Europe. Il faut un engagement mondial.» Swing compare la situation en mer Egée au tremblement de terre en Haïti en 2010 ou au tsunami asiatique de 2004 : «Ces désastres ont provoqué un sursaut d’aide humanitaire. Il faut faire de même.»