Le Journal International, 9 janvier 2016 :
Début novembre 2015, dans un climat de tension raciale, le Président de l’Université du Missouri, Tim Wolfe, démissionnait suite à la menace de grève des Missouri Tigers, l’équipe de football de l’Université. Retour sur un fait divers qui illustre le problème de racisme ordinaire qui peut régner dans les universités nord-américaines.
L’histoire a fait la une de la majorité des journaux américains. Et pour cause, une grève d’étudiants-athlètes, c’est bel et bien du jamais vu dans un pays où ces superstars très protégées jouent principalement le rôle de vitrine de marque pour leur établissement.
Racisme ordinaire et vaines protestations
Pour comprendre les origines de cet événement qui a animé pendant quelques jours la vie du pays, il faut d’abord revenir sur le contexte qui planait sur l’Université du Missouri à cette période.
Le média américain CNN a ainsi établi dans un récent article un historique des actes racistes recensés à l’Université du Missouri depuis ces deux dernières années. On peut mentionner par exemple des jets de cotons sur des étudiants noirs en 2010, avec toute la symbolique qui y est attachée, de surcroit dans un état traditionnellement lié à l’histoire de esclavagisme.
Ont également été rapportées, entre autres, des insultes racistes adressées au Président d’une association d’étudiants, ou encore une croix gammée dessinée sur le mur d’une résidence universitaire. Un problème chronique donc, dans un Etat déjà largement sujet aux tensions raciales, comme l’ont démontré les émeutes du mouvement Black Lives Matter à Ferguson en aout 2014, suite à la mort du jeune Mike Brown, tué dans des circonstances troubles par un policier.
Ce fait marque l’origine de la mobilisation de nombreux étudiants, rassemblés depuis septembre 2015 pour réclamer la mise en place de mesures destinées à lutter contre la prolifération de ces incidents. Ce mouvement resté infécond avait conduit les manifestants à réclamer la tête du Président du l’Université, Tim Wolfe. En témoignait la grève de la faim commencée le 3 novembre dernier par un étudiant noir, Jonathan Butler.
38 heures et puis s’en va
Le 8 novembre 2015 est une date charnière : les joueurs de l’équipe de football de l’Université du Missouri, les Tigers, entrent alors en scène. Majoritairement noirs, les athlètes menaçaient d’arrêter de pratiquer toute activité liée au football jusqu’à la démission de Tim Wolfe. Soutenus par leur coach et le staff de l’équipe, les joueurs se rassemblaient alors sous la bannière du mouvement Concerned Student 1950. La date n’est pas anodine, car c’est en 1950 que les Afro-américains ont été pour la première fois autorisés à étudier à l’Université du Missouri.
Plus que la tête de Tim Wolfe, les membres de l’équipe et de l’association réclamaient aussi la mise en place de mesures préventives contre les actes de racisme, ainsi que de la diversité ethnique au sein de la direction de l’établissement.
A reblogué ceci sur Le blog du communiste-ouvrier du Cambrésis.
J’aimeJ’aime