La Halle : trois cents manifestants à Châteauroux

La Nouvelle République, 14 juin 2015 :

Les salariés de l’enseigne La Halle, dont 1.500 emplois pourraient être supprimés en France, ont manifesté leur colère, hier, dans les rues de Châteauroux. Dans l’Indre, plusieurs dizaines de postes sont menacés.

Sur les pancartes, des slogans amers : « La Halle nous déshabille », « 2015, grande démarque, 1.400 employés licenciés ». Sur les poitrines, des stickers « -50 % », destinés à orner les articles soldés dans les magasins du groupe Vivarte.

Près de mille cinq cents salariés de son entreprise phare, La Halle, dont 40 % des magasins pourraient fermer, devraient perdre leur emploi. Dans l’Indre, jusqu’à soixante-quinze postes sont menacés, à la plateforme logistique de Montierchaume.

Les actionnaires mis en cause

Sur leur parcours, de Belle-Isle à la préfecture, hier matin, les salariés indriens ont crié leur colère, sur l’air de Jeanneton prend sa faucille, ou par des slogans plus directs : « Ouvriers soldés, actionnaires millionnaires ! » Les actionnaires étaient justement les premiers visés. « On n’en a pas après notre patron, mais après les actionnaires, qui nous fichent dehors, rappelait ainsi en tête de cortège Magalie, salariée à La Malterie depuis dix-sept ans. On a toujours tout donné à La Halle, on a sacrifié nos week-ends et nos congés et aujourd’hui, on va être licenciés comme des malpropres. » La CGT rappelle de son côté les « 40 millions d’euros d’aides publiques » versés au groupe en 2013. « Les actionnaires ont empoché plus d’un milliard d’euros et l’ancien P-DG est parti avec 1,075 million d’euros pour solde de tout compte ! »

Mais dans les rangs, la colère s’était déjà presque muée en résignation. « On aurait souhaité que cette société soit toujours aussi prospère qu’il y a cinq ou six ans, constatait une autre salariée. J’aimerais que tout le monde reste ; je l’espère, mais je suis réaliste : ça ne se fera pas. On a une chance sur quatre d’être viré à la fin de l’année, malgré vingt ans de boîte. On a toujours donné le meilleur de nous-même. Nous ne sommes pas que des numéros : on a donné de notre personne pour que cette société et ce groupe fassent des bénéfices et aujourd’hui, les actionnaires nous jettent parce que nous sommes le petit maillon ; ils nous prennent vraiment pour des moins que rien ; nous ne sommes que la petite main-d’œuvre pour faire la basse besogne. »

Dans le cortège, une dizaine de salariés de Fenwal, eux aussi en lutte pour sauver leurs emplois, s’étaient joints au cortège, venus apporter leur soutien. « On nous a aidés ; on doit aider les autres. C’est une manière de leur rendre la pareille et de dénoncer ce qui pourrait encore avoir lieu ailleurs. »

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