Nouvelle grève à la Métropole de Lyon

Rue 89, 23 mars 2015 :

Après une grève le 6 novembre, les agents de la Métropole étaient de nouveau appelés à cesser le travail ce lundi 23 mars pour protester « contre la dégradation des conditions de travail » et la « remise en question d’acquis sociaux ».

C’est donc surtout la question du temps de travail et de la rémunération qui pose problème. Leur patron, Gérard Collomb, reste droit dans ses bottes.

Cette nouvelle grève est à replacer dans le contexte de « fusion/acquisition » opéré par le Grand Lyon qui a absorbé le département du Rhône sur son territoire. Ce qui explique, au passage, pourquoi les Lyonnais sont les seuls Français à ne pas avoir voté ce dimanche.

Ce mouvement social intervient également après que les élus métropolitains ont voté une augmentation de leur indemnité (laquelle a été présentée finalement comme un économie pour la collectivité).

Les syndicats sont ce jour unanimes avec huit organisations réunies (CGT, CGC, UNSA, CFDT, FO, CFTC, FAFPT, SUD). A la fin de leur tract, cette phrase :

« Les élus augmentent leur rémunération de 20%, que reste-t-il pour nous ? »

Dialogue social dans l’impasse

Depuis le 1er janvier, la majorité des agents du Département du Rhône (près de 4 000) ont rejoint les 4800 agents du Grand Lyon pour atteindre le chiffre d’environ 8700 agents.

Or les agents du Grand Lyon et ceux du conseil général n’avaient ni le même temps de travail, ni la même rémunération. Globalement, à l’avantage des agents du Grand Lyon.

Durant l’année 2014, pendant la préparation de l’absorption du conseil général par le Grand Lyon, rien n’avait franchement avancé sur le sujet. Aucune négociation n’avait eu lieu. On savait seulement que les agents continueraient à bénéficier du régime indemnitaire de leur collectivité d’origine, s’ils le décidaient.

Mais se posait la question de :

– la création d’un seul régime indemnitaire pour les nouveaux agents
– l’organisation des temps de travail puisqu’il s’agit de faire travailler tout le monde ensemble

Alors que la direction du Grand Lyon rappelait régulièrement par des communiqués, « qu’un dispositif de négociations et de concertations a bien été mis en place », les représentants syndicaux dénonçaient un « refus de dialogue », « rien n’étant mis sur la table des négociations ».

Il faut dire qu’à la demande d’un « alignement sur le régime le plus favorable », le futur président de la Métropole de Lyon, Gérard Collomb avait répondu par la négative :

« Cette harmonisation entre les régimes du conseil général et ceux du Grand Lyon coûterait la somme de 20 millions d’euros par an. Et ce n’est pas possible de supporter une augmentation de 10% de la masse salariale ».

Des délibérations plutôt qu’un accord : un « passage en force » ?

En janvier 2015, dans le cadre d’une Métropole de Lyon fraîchement créée, tout s’est accéléré. Alors que les organisations boycottaient les rencontres avec la direction de la Métropole, plusieurs délibérations ont finalement été adoptées le 23 février dernier. Deux textes créent notamment :

Un nouveau régime indemnitaire pour les personnes recrutées en 2015 (et qui sont donc ni conseil général, ni Grand Lyon).
De nouveaux temps de travail avec les jours de RTT qui vont avec. Ils prendront effet en janvier 2016.

Outre « un passage en force », toutes les organisations syndicales de la Métropole de Lyon dénoncent un « recul social » sur ces deux sujets et demandent le retrait des deux délibérations :

– Concernant le nouveau régime indemnitaire, les syndicats regrettent que les nouveaux agents perdent plusieurs primes et l’intéressement pour montant annuel de près de 3 000 euros.
– Concernant le temps de travail, ce sont surtout les agents en provenance du conseil général qui protestent : ils perdent la possibilité de travailler quatre jours à temps plein.

Gérard Collomb offensif

Lors de la conférence de presse en amont du conseil de Métropole, Gérard Collomb a fait preuve de pédagogie pour démontrer que, selon lui, les revendications syndicales n’étaient pas envisageables car elles allaient coûter « 29 millions d’euros », soit la totalité de ce que l’augmentation des impôts devraient, selon lui, rapporter à la collectivité :

« Je rappelle que l’augmentation des impôts doit compenser la baisse des dotations de l’Etat pour soutenir notre investissement et, au final, le secteur du BTP qui en a bien besoin. C’est ça, la question de fonds : faut-il augmenter les indemnités des agents du Grand Lyon ou sauver des emplois ? »

Lui qui bat actuellement la campagne auprès de Lotfi Ben Khelifa à Vénissieux a cité, sans la nommer, cette ville de la banlieue lyonnaise :

« J’appelle au sens des responsabilités. Il y a des villes et des quartiers où le chômage est de 20% en moyenne et de 40% chez les jeunes. Si on était aussi mal dans le Grand Lyon, pourquoi recevrait-on des dizaines de demandes pour venir y travailler ? Pourquoi les responsables syndicaux me demanderaient d’embaucher leur fils ou leur fille si c’était le bagne ? »

Les syndicats apprécieront. Ils dénonçaient déjà un « fonctionnaire bashing » de la part de Gérard Collomb. Ça ne va pas s’améliorer.

C’est surtout dans les services sociaux (ex-conseil général) que les agents semblent le plus remontés. Car le mécontentement ne se limite pas à la rémunération et au temps de travail.

La secrétaire du syndicat CGT de la Métropole, Laurence Margerit, elle-même ancienne salariée du Rhône, explique :

« Avant, pour une famille avec deux enfants, on avait des chèques vacances d’environ 800 euros. Là, ça passera à 250 euros. Idem pour les chèques culture qui permettaient d’acheter des disques ou des livres, c’est réduit comme peau de chagrin. »

Surtout, les syndicats pointent un nombre impressionnant de postes vacants : « 900 » disent-ils, essentiellement dans les ex-Maison du Rhône qui concentrent les services sociaux (enfance, RSA, handicap).

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