Ils menacent la liberté de la presse et défilent à Paris

I-Télé, 11 janvier 2015 :

La Hongrie, l’Egypte, la Turquie, la Russie, les Emirats arabes unis ou encore l’Algérie étaient représentés dimanche à Paris lors de la marche républicaine contre le terrorisme et pour la liberté. Pourtant, ces pays sont connus pour leurs politiques répressives à l’égard de la presse et des journalistes. Des organisations de défense de la liberté de la presse et des droits de l’homme s’en sont indignés.

La présence à la marche parisienne dimanche du Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et de ses homologues d’Algérie, d’Egypte ou encore des Emirats arabes unis a sucité l’indignation de Reporters sans frontières (RSF). L’ONG a réagi dans un communiqué publié dimanche :

« Au nom de quoi les représentants de régimes prédateurs de la liberté de la presse viennent-ils défiler à Paris en hommage à un journal qui a toujours défendu la conception la plus haute de la liberté d’expression?  »

L’ONG a ensuite rappelé que l’Egypte, la Russie, la Turquie, l’Algérie et les Emirats arabes unis sont respectivement 159e, 148e, 154e, 121e et 118e sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF.

Un responsable européen de Human Rights Watch, Andrew Strohlein, a de son côté dénoncé sur Twitter une « écoeurante hypocrisie » concernant les « ennemis de la liberté de la presse qui assistent à la Marche Républicaine à Paris ».

Les critiques émises par RSF et Human Rights Watch étaient partagées par certains manifestants, au vu de pancartes réclamant notamment la « Liberté d’expression à Paris comme à Ankara, à Moscou comme à Kobane ».

Des fossoyeurs de la liberté de la presse ?

En Egypte, trois journalistes d’Al-Jazeera sont toujours emprisonnés, accusés de soutien aux Frères musulmans, le parti du président destitué Mohamed Morsi.

En Hongrie, la loi sur les médias de Viktor Orban avait suscité il y a quelques années de vives critiques, notamment de la part d’organisations internationales. Cinq journalistes avaient même entamé une grève de la faim en 2011 pour contraindre le gouvernement conservateur à lâcher du lest.

En Russie, le journalisme est un métier à haut risque. La Fédération internationale des journalistes évaluait à 124 le nombre de journalistes tués en raison directe de leur travail entre 1993 et 2009. Le meurtre d’Anna Politkovskaïa en 2006 en est un exemple, particulièrement médiatisé. Au moment des jeux olympiques d’hiver à Sotchi, la question de la liberté de la presse est revenue sur le devant de la scène. RSF avait d’ailleurs publié un rapport intitulé : « Sotchi, le journalisme indépendant : un sport de combat ».

« Serieusement ? Le Russe Lavrov est à la marche parisienne pour condamner le meurtre des journalistes ? Anna Politkovskaya est en train de se retourner dans sa tombe… »

Quant à la Turquie, son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a été récemment critiqué pour les arrestations massives qui avaient visé les medias opposés à son régime en décembre dernier, notamment le quotidien Zaman.

3 réponses à “Ils menacent la liberté de la presse et défilent à Paris

  1. Et n’oublions pas l’Espagne, qui après avoir voulu limiter le droit à l’avortement, s’en prend maintenant au droit de manifester. Le Parlement espagnol a adopté courant décembre, un texte de loi violant le droit de manifestation, limitant la liberté d’expression et accordant plus de pouvoirs aux forces de police. La mesure la plus contestée limite les manifestations aux rassemblements autorisés et impose de fortes amendes pour les participants à des manifestations non autorisées.

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