Macédoine : colère sociale dans la rue

Le Courrier des Balkans, 26 décembre2014 :

Étudiants, enseignants, journalistes, professions libérales et tous les déçus de la politique du VMRO-DPMNE se retrouvent ce vendredi dans les rues de Skopje. Le gouvernement feint d’ignorer la clameur qui monte sous ses fenêtres, mais n’effraie plus les citoyens, qui manifestent toutes communautés nationales confondues. Au Parlement, les députés d’opposition pourraient être déchus de leurs mandats.

La mobilisation des étudiants contre la proposition du ministre de l’Éducation d’introduction d’un examen d’État en deuxième et quatrième année ne faiblit pas : depuis la fin octobre, trois manifestations ont rassemblé chacune plus de 2.000 personnes.

A cela, vient s’ajouter un autre mesure, l’instauration de charges sociales au 1er janvier prochain, qui touchera une autre catégorie de la société : les personnes rémunérées aux honoraires, qui devront payer 35% de charges sur leur taux horaire pour avoir une couverture sociale et une pension de retraite, mais sans avoir le droit d’augmenter le prix des services qu’ils offrent. Les employeurs qui feront appel à eux n’auront, quant à eux, aucune charge supplémentaire à débourser. Cette mesure prévoyait initialement la prise en charge de ces frais par les employeurs, mais le gouvernement a changé d’avis et imposé le prélèvement social au prestataire de service.

D’autres mécontents de la politique générale du gouvernement pourraient encore venir grossir les rangs des manifestants : mineurs, ouvriers de l’industrie sidérurgique et autres.

Même s’il reste apparemment inflexible, la nervosité du gouvernement est palpable, car les ministres concernés, et même le Premier ministre Gruevski, multiplient les passages à la télévision et les interventions dans les médias à leur solde pour justifier le bien fondé de ces mesures et leur incompréhension du mécontentement, selon eux injustifié, des étudiants.

Le discours des portes-parole gouvernementaux devient de plus en plus agressif à l’encontre des manifestants et organisateurs. Chaque journal télévisé évoque « les médias et les agitateurs financés par l’étranger qui voulent déstabiliser le pays ». On dénonce les « Sorossoïdes » (affidés supposés de la Fondation Soros), en entourant la tête des personnes visées sur les photos prises par les médias et la police lors des manifestations. Ce procédé bien peu démocratique a de quoi surprendre dans un pays aspirant à rejoindre l’UE et l’OTAN, mais le gouvernement espère que la pression retombera d’elle même avec l’arrivée des fêtes.

L’opposition exclue du Parlement ?

Par ailleurs, les députés de l’opposition pourraient être destitués ce vendredi de leur mandat car ils ne siègent plus au parlement depuis leur élection au printemps dernier. Si les parlementaires de l’opposition perdaient effectivement leur mandat, la Macédoine se dirigerait probablement vers de nouvelles élections partielles pour pourvoir à ces sièges. La coalition au pouvoir (VMRO-DPMNE et BDI) pourrait les remporter, ce qui lui donnerait le pouvoir absolu pour diriger le pays selon son bon vouloir, sans presque plus aucune opposition.