Libération, 9 septembre 2014 :
Le Collectif des cinéastes pour les sans papiers adresse une lettre ouverte au gouvernement afin de l’alerter sur la situation des salariés grévistes d’une onglerie à Paris.
Nouveau rebondissement au 57 boulevard de Strasbourg. Les coiffeurs et manucures qui occupent depuis le 24 juillet les locaux de leur salon de beauté situé dans le Xe arrondissement de Paris ont reçu ce lundi le soutien du Collectif des cinéastes pour les sans papiers. Dans une lettre ouverte adressée aux ministres de l’Intérieur, du Travail et de la Justice, près de 80 réalisateurs, dont Mathieu Amalric et Josiane Balasko, réclament «la protection immédiate» de ces ex-salariés grévistes ainsi que «l’obtention d’un titre de séjour» pour chacun d’entre eux.
Le 7 juin, les 18 salariés du salon New York Fashion, soutenus par la CGT, ont obtenu des contrats de travail à l’issue d’une grève de trois semaines. Un exemple dans le quartier de Château-d’eau à Paris, où près de 1 500 travailleurs ne sont pas déclarés. Mais un mois et demi plus tard, la liquidation judiciaire est prononcée. Les salariés ne l’apprennent que deux jours après l’audience au tribunal de commerce, le 24 juillet. Et leurs espoirs de régularisation s’envolent. Ils décident de reprendre la grève et de déposer plainte pour «traite d’être humains», «abus de vulnérabilité», «travail dissimulé» et «faillite frauduleuse». Le parquet, qui se saisit de l’affaire, demande à la Direction des renseignements de la préfecture de police (DRPP) d’ouvrir une enquête. Mais dans le quartier, les salariés ne se sentent plus en sécurité. L’un d’entre eux s’est d’ailleurs fait prendre à partie par son ancien gérant, et plusieurs reconnaissent être «montrés du doigt» lorsqu’ils sortent du salon. Une situation qui pourrait justifier la demande de «protection» formulée par la CGT, ainsi que par les cinéastes.