Film – « Tête haute : huit mois de bagarre » – 8 mois de lutte de la Fonderie du Poitou Aluminium

« TETE HAUTE » tel est l’intitulé du film relatif aux 8 mois de lutte de la Fonderie du Poitou Aluminium (septembre 2011 à avril 2012), entreprise du groupe Montupet.

Afin de vous replonger dans cette difficile période de l’histoire de l’entreprise, la solidarité des femmes et des hommes, des relations humaines fortes une détermination de tous les instants nous ont permis, ensemble, d’aboutir au sauvetage de notre entreprise.

Je vous invite à regarder la diffusion de ce film 58’ :

Mardi 9 septembre
France 2 – émission Infrarouge 22h40

Yves Gaonac’h, réalisateur poitevin, a suivi le conflit durant huit mois. Il met en avant l’intelligence des syndicalistes, leur humour, leur force de conviction.. PHOTO/Photo Majid Bouzzit

Yves Gaonac’h, réalisateur poitevin, a suivi le conflit durant huit mois. Il met en avant l’intelligence des syndicalistes, leur humour, leur force de conviction.. PHOTO/Photo Majid Bouzzit

charentelibre.fr, 6/09/2014

France 2 diffuse mardi « Tête haute », un film documentaire sur le conflit de la Fonderie du Poitou Alu à Ingrandes (Vienne) à l’automne 2011 (1). Durant une grève interminable, les ouvriers avaient refusé que leur patron ampute leur salaire d’un quart et avaient ferraillé contre un dirigeant qu’ils jugeaient voyou. Yves Gaonac’h, réalisateur poitevin, a suivi les hommes et femmes qui ont mené ce combat durant huit mois. Il raconte leur lutte courageuse qui a permis non seulement de sauver leurs revenus, mais aussi de sauver l’entreprise d’une mort programmée. Aujourd’hui, Saint-Jean Industries maintient le navire à flot (lire encadré).

« Je voulais faire un film sur un conflit social exemplaire, explique Yves Gaonac’h, quadragénaire poitevin, réalisateur indépendant de films documentaires. Je venais d’assister à la projection du film sur les ouvriers de New Fabris [à Châtellerault dans la Vienne, NDLR] qui voulaient faire sauter leur usine. Une fois de plus, c’était désespéré, noir. » Dans la salle, un ouvrier de la Fonderie parle du mouvement naissant. « J’y suis allé dès le lendemain. » Il pose sa caméra à Ingrandes et comprend vite qu’il a trouvé la matière pour son documentaire. Des syndicalistes qui se battent intelligemment, fédèrent, évitent habilement tous les pièges, mobilisent toute une région pour défendre une cause juste.

Durant les deux premiers mois de grève continue, Yves Gaonac’h est là tous les jours. « Je leur ai expliqué ma démarche. Ils ont compris. Il y avait des télés qui auraient préféré de l’action. Ils trouvaient que les bouteilles de gaz, c’était pas mal. » La confiance s’installe peu à peu. Le réalisateur raconte: « Un jour, l’un des grévistes m’apostrophe: “T’es pas bien rasé. On part sur un conflit long. Alors il faut bien se tenir”. »

En 2011, la Fonderie a déjà connu de multiples changements de propriétaire.« Les syndicalistes n’en étaient pas à leur premier conflit, ils étaient très organisés. Ils étaient devenus des experts de leur entreprise. Chaque matin, ils épluchaient les dossiers juridiques », note Yves Gaonac’h. Ils ne se contentent pas de fabriquer des culasses pour Renault, ils connaissent aussi les points forts et les points faibles de l’usine. « Ce qui était en jeu, c’était la fermeture. »

« Même les banquiers! »

« Pour emporter la partie, ils ont fait faire une expertise, ont prouvé que l’entreprise était rentable », souligne le réalisateur. Ils emportent l’adhésion de tous les élus, locaux ou nationaux. De Raffarin à Mélenchon, ils balaient tout le spectre politique, excepté le FN, dont ils refusent publiquement le soutien, attirent chez eux Éric Besson, alors ministre de l’Industrie. « Ce sont des malins. Ils ont su mener les bonnes actions au bon moment, sans se faire piquer la vedette », sourit Yves Gaonac’h. Qui applaudit leurs tours de force: « Ils ont rallié à leur cause tous les commerçants qui les ont nourris pendant deux mois. » Dans le film, une vendeuse leur dit: « S’il n’y a plus de fonderie, il n’y a plus de boulot pour personne. » Le réalisateur ajoute: « Même les banquiers ont accepté de différer les échéances des emprunts. C’est extraordinaire! »

Pour tenir, les « Montupet » ont eu besoin de subsides. Devant la caméra, une responsable annonce les montants tombés dans la caisse de solidarité. Plusieurs centaines de milliers d’euros qui vont permettre de compenser les salaires perdus à hauteur de 40%. « L’une de leurs forces, ajoute Yves Gaonac’h, a été de jouer vraiment l’intersyndicale, de répartir les rôles sur une dizaine ou une quinzaine de personnes qui se faisaient confiance. Ils se sont comportés de façon responsable, ont su canaliser les plus extrémistes. Parce qu’ils proposaient une issue, ils donnaient des perspectives. Et à la fin ils ont gagné. » S’ils n’ont pas obtenu de repasser dans le giron de Renault, ils sont parvenus à écarter le groupe Montupet de la liste des repreneurs au profit de Saint-Jean Industries. Ils ont conservé leur salaire et la quasi-totalité des emplois. Ils ont tordu le bras de Renault pour obtenir des volumes minimum de commandes.

Ce qui a le plus marqué Yves Gaonac’h? « Leur humour. Même dans les moments les plus difficiles. » En 60 minutes, le film retrace toutes les étapes, des premiers jours de grève à la reprise du travail, en passant par les rendez-vous au tribunal de commerce, la manif à Paris, les sourires d’une fête. Sans occulter les désaccords, les tensions.

Le film est diffusé dans les lycées, les cinémas, s’est retrouvé à l’affiche du festival « Filmer le travail », à Poitiers. Il a reçu le prix ESJ au Festival du documentaire d’actualité. « La tête haute et les manches retroussées, s’amuse Yves Gaonac’h, c’était leur slogan au moment de reprendre le travail. Maintenant, je filmerais bien les manches retroussées. Aller simplement dans une usine au travail. »

(1) « Tête haute: huit mois de bagarre », mardi 9 septembre à 22h40, « Infrarouge » sur France 2.

Toujours inquiets pour l’avenir

Plus de deux ans après la fin du conflit, Géry Bégeault, délégué syndical CGT, fait le point: « On est un peu rassurés parce qu’on nous a annoncé lundi dernier qu’on avait un nouveau marché de 200 000 pièces de sécurité chez Fiat. Ça permet de diversifier l’activité. » Jusque-là, les salariés travaillaient presque exclusivement pour Renault. Qu’ils surveillent de près. « Ils ne tiennent pas leurs engagements, mais ils versent la compensation financière. » Les employés maintiennent la pression. « Mais on ne fait pas n’importe quoi, parce que l’entreprise qui nous a rachetés n’est pas bien solide. Toutes les aides promises sont arrivées avec un an de retard et on n’en a touché que la moitié », poursuit Géry Bégeault. Alors les salariés ne crient pas victoire. « On est inquiets pour l’avenir, pour l’après 2015, quand Renault arrivera au bout de ses engagements. On pense qu’ils vont nous commander juste un minimum de pièces. Les gens se posent des questions. Mais on reste solidaires. »

380 salariés travaillent aujourd’hui sur le site d’Ingrandes. Depuis le conflit, 70 personnes ont choisi le départ volontaire.

 

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