RTL, 31 août 2014 :
Après la mort du jeune Michael Brown, un jeune homme et une femme battue, la police de Los Angeles se retrouve accusée de racisme.
Le traitement des minorités par la police de Los Angeles se trouve de nouveau au coeur d’une polémique après plusieurs cas médiatisés : un jeune homme désarmé abattu, une femme passée à tabac, et un producteur arrêté pour rien.
« Si vous m’aviez demandé il y a un an, je vous aurais dit que la police de Los Angeles (LAPD), qui a un passif de racisme et violences, avait fait des progrès considérables », a commenté auprès de l’AFP Earl Hutchinson, militant pour la protection des droits des minorités.
« Ces incidents remettent en cause (cette) idée », a-t-il ajouté.
A la mi-août déjà, un homme non armé abattu par la police
A la mi-août, un jeune homme noir de 25 ans, Ezell Ford, présenté comme souffrant de troubles mentaux, a été abattu par deux policiers qui patrouillaient au sud de Los Angeles.
Il était seul, sans armes et marchait sur le trottoir. La LAPD, sans indiquer le motif de son contrôle, a dit que M. Ford s’était battu avec les policiers et avait tenté d’attraper une de leur armes. Des témoins ont affirmé qu’il n’avait agressé en aucune façon les officiers.
Jeudi, la LAPD a finalement diffusé le nom des deux policiers, Sharlton Wampler et Antonio Villegas, mis en cause.
Earl Hutchinson a jugé que c’était un « pas positif vers une enquête impartiale et transparente », déplorant qu’il eût fallu faire autant pression pour obtenir ces noms.
D’après Steven Lerman, l’avocat de la famille d’Ezell Ford, la police était « légalement forcée de les diffuser, sauf preuves de menaces crédibles envers ces officiers », qu’il qualifie « de voyous ».
Le mois dernier, une femme rouée de coups
Sharlton Wampler, a-t-il souligné, a notamment été poursuivi en 2011 pour avoir battu plusieurs personnes d’une même famille, traîné l’une d’elles vers une piscine gonflable et lui avoir maintenu la tête sous l’eau.
Le mois dernier, une vidéo diffusée sur internet montrait un agent de la police des autoroutes en train de rouer de coups une femme à terre, qui a dû être hospitalisée. Ses avocats ont porté plainte.
Selon la police, l’officier a tenté de la maîtriser alors qu’elle marchait sur l’autoroute et refusait d’obtempérer. Selon des témoins cités dans la plainte, cette sans-abri, Marlene Finnock, n’a « rien fait d’agressif ».
Un producteur arrêté car il « correspondait à une description »
Jeudi, la police de Beverly Hills, une municipalité huppée qui jouxte Los Angeles, s’est excusée après avoir arrêté une semaine plus tôt Charles Belk, un producteur de télévision afro-américain, alors qu’il sortait d’un restaurant.
Belk « correspondait à la description » d’un voleur de banque qu’ils recherchaient: « grand, noir, chauve », ont-ils justifié.
Charles Belk a raconté sa mésaventure sur les réseaux sociaux et à la télévision, et a décidé d’en faire un cas d’école: « Vous ne pouvez pas arrêter le premier noir qui passe simplement parce qu’il ‘correspond à la description' ».
La mort de Michael Brown a été le déclencheur des émeutes
Ces affaires surviennent alors que les tensions raciales ont été ravivées aux Etats-Unis par la mort de Michael Brown à Ferguson dans le Missouri, un jeune homme de 18 ans sans armes abattu ce mois-ci par un policier blanc, déclenchant de violentes émeutes.
MM. Hutchinson et Lerman estiment que la police de Los Angeles n’est « ni mieux ni pire » que celle des autres grandes villes américaines.
« Ezell Ford et d’autres, Michael Brown, Eric Garner (étouffé par la police à New York), Chicago, Phoenix… Il y a tous les jours des cas de brutalité policière, presque toujours contre les afro-américains », conclut Earl Hutchinson.