Afrique Expansion, 13 mai 2014 :
Aucun responsable public sud-africain autre que la police n’aura de compte à rendre sur la mort de 34 mineurs à Marikana en 2012, le gouvernement ayant brusquement restreint le mandat de la commission d’enquête, a-t-on appris mardi auprès d’une ONG.
« Fondamentalement, le gouvernement veut maintenant hâter la fin des travaux et il a imposé une restriction au mandat de la commission », a indiqué mardi à l’AFP Lawson Naidoo, secrétaire exécutif du Conseil pour les progrès de la Constitution sud-africaine (Casac).
Initialement, la commission devait examiner le rôle joué par l’entreprise minière Lonmin, la police sud-africaine, le syndicat radical Amcu et de son rival le Num, mais aussi celui du « ministère des Mines et de tout autre ministère ou agence gouvernementale ».
Or, le mandat a été restreint dans la dernière ligne droite des travaux de la commission par décision du gouvernement publiée au journal officiel le 5 mai, excluant tous les ministères et agences gouvernementales.
Un changement « profondément inquiétant » selon Casac qui l’impute au président Jacob Zuma.
Le massacre de la mine de platine Marikana (nord) qui a fait 34 morts et 270 blessés quand la police a ouvert le feu sur un rassemblement de mineurs en grève sauvage, reste une tâche indélébile sur la présidence de M. Zuma, en passe d’être d’entamer un nouveau mandat.
« Cette restriction du mandat va réduire significativement le champ du rapport final de la commission et nuira à sa crédibilité », a déploré M. Naidoo, dans un communiqué.
« Mise à part la police sud-africaine, aucune autre institution de l’Etat ne sera soumise à l’enquête de la commission et nous n’aurons pas une photographie complète des circonstances ayant conduit à ce massacre honteux », a-t-il ajouté.
Fusillade policière la plus grave jamais survenue depuis la fin du régime raciste d’apartheid il y a vingt ans, le massacre de Marikana n’a débouché à ce jour sur aucune sanction.
La commission d’enquête instaurée par M. Zuma devait rendre ses conclusions en janvier 2013, mais l’échéance a été repoussée plusieurs fois et la nouvelle date butoir est fixée au 31 juillet.
La police a toujours plaidé la légitime défense.
Mais l’enquête a montré qu’une partie des victimes ont été pourchassées après la fusillade et abattues ou achevées par des balles tirées dans le dos ou à bout portant.
La commission a aussi indiqué en septembre 2013 que la police lui avait menti, dissimulé des éléments de preuve ou les avait contrefaits et antidatés.