Wattrelos: La Redoute bloquée par des salariés

La Voix du Nord, 27 février 2014 :

Le blocage, ponctuel mais régulier, va devenir leur moyen de pression. Ce jeudi, le centre de préparation de commandes de La Redoute, à Wattrelos, a été bloqué dès les premières heures. C’est par des actions de ce genre, mais aussi par une manifestation la semaine prochaine, que les salariés espèrent voir satisfaites leurs revendications. Des demandes sur lesquelles tous les syndicats se sont mis d’accord.

« Ce que l’on demande, ça ne tombera pas du ciel », crie un militant alors que la pluie commence à doucher les salariés de La Redoute. Ils sont près de 300 ce jeudi matin à avoir répondu à l’appel de l’intersyndicale, massés devant l’entrée principale de la Martinoire. Certains sont restés là une bonne partie de la nuit. Car mercredi, dès 17 h 30, des employés ont entrepris de paralyser le site de préparation de commandes, anticipant sur le blocage du lendemain. Ce n’est que vers 1 h 30 que le passage a été libéré. Trop tard pour faire partir des camions. « De toute façon ils n’ont pas essayé… » Et ce jeudi, rebelote, les accès du site logistique ont été barrés dès 4 h.

La mobilisation s’organise

« Nous ne sommes pas dans une logique de blocage continu », indique Jean-Christophe Leroy, le délégué CGT. « L’idée, c’est plutôt d’enchaîner les actions. On était sur un rythme d’une action par semaine, il va falloir passer à deux ou trois. » Et s’organiser pour que le temps pluvieux ne douche pas les candidats au blocage. Ce jeudi, de petits abris avaient été installés, pour se prémunir de la pluie. Pour la chaleur, le feu des palettes et d’un morceau de tronc d’arbre attisé par les bourrasques ont fait l’affaire. « Il va falloir faire des roulements, entre ceux qui travaillent le matin ou le soir, pour que les gens ne perdent pas trop de pognon », annonce Patrice Denonne, délégué CFDT. Les syndicats le soulignent. Même si la CFE-CGC n’est pas favorable aux blocages assumés par la CFDT, la CGT et SUD, tous sont d’accord pour poursuivre la mobilisation. Cela passera par une manifestation mardi prochain. Le lieu n’a pas encore été choisi, mais le principe a été adopté lors de l’assemblée générale des salariés ce jeudi. « On a encore quelques semaines devant nous pour obtenir le plus possible ». Et c’est ensemble que les organisations portent une revendication commune.

Des syndicats d’accord sur leurs demandes

Cette demande, que portent tous les syndicats, c’est 40 000 euros d’indemnité de départ et 1 500 euros par année d’ancienneté. Largement plus que ce que propose la direction, qui la semaine pourtant avait réévalué son offre : non plus 12 000 mais 14 000 euros de base, avec 750 euros par an pour ceux qui ont de 0 à 10 ans d’ancienneté, 1 000 euros pour 11 à 20 ans et 1 200 euros au-delà de 20 ans. « On demande aussi un congé de reclassement de trois ans, pour que les salariés aient le temps de se retourner. » Mais il ne s’agit là que du plan de départs volontaires. Pas un mot sur les départs contraints, ni sur les préretraites, que les syndicats demandent toujours à 55 ans payées à taux plein. Ce vendredi, des discussions doivent encore avoir lieu avec la direction.

Eviter les départs contraints

« On peut discuter de tout, mais on ne veut pas segmenter les choses, insiste Jean-Christophe Leroy. Il faut des garanties pour les 2400 salariés de La Redoute. » Jean-Claude Blanquart, délégué CFDT, l’admet, « on sent bien que ce n’est pas la volonté de la direction d’aller dans ce sens. Cela fait pourtant partie du choix » : rester, mais dans quelles conditions, ou pas. Car c’est bel et bien de choix que les syndicats veulent parler, écartant l’idée des départs contraints. « Pour l’instant on parle d’un package de base et ce n’est que dans le PSE que l’on parlera d’un ordre de licenciements. Et quand on regarde les chiffres, on arrive potentiellement à près de 600 départs en préretraites et à un peu moins de 600 qui pourraient partir en départ volontaire. » On tangente le chiffre de 1 178 départs prévus par les repreneurs de La Redoute. « On voit déjà plus de volontaires au départ que de postes supprimés en logistique », complète le délégué CFDT. Partir, c’est sans doute ce que fera Christiane, 52 ans, entrée à 16 ans à La Redoute. En juin, explique-t-elle, son service d’emballage sera fermé. « Alors je vais prendre le chèque et essayer de voir ce qu’il se passe ailleurs. » Mais sans diplôme, elle doute de pouvoir retrouver du travail facilement.

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