Le Mouv, 13 octobre 2013 :
Quelques dizaines de personnes, dont des couples, se sont rassemblées hier, à Rabat, au Maroc, pour un « baiser symbolique ». Elles voulaient soutenir les deux adolescents poursuivis pour avoir posté sur Facebook leurs photos en train de s’embrasser. Mais ce « kiss-in » a tourné court lorsque elles ont été prises à partie par des contre-manifestants.
Le bisou qui enflamme le web
Les manifestants entendaient marquer leur soutien aux adolescents poursuivis pour avoir publié sur Facebook des clichés d’eux en train de s’embrasser. La fille et le garçon incriminés, âgés de 14 et 15 ans ainsi que l’ami auteur des clichés avaient été arrêtés le 4 octobre et détenus pendant trois jours dans un centre pour mineurs à Nador, dans le nord-est du royaume.
Leur arrestation avait immédiatement enflammé les participants des réseaux sociaux et les autorités judiciaires de Nador ont dû lundi libérer les trois adolescents, tout en maintenant les poursuites.
Mais ce « kiss-in » a tourné court quand des contre-manifestants ont tenté de mettre un terme au rassemblement en bousculant violemment les couples et en leur lançant les chaises d’une terrasse d’un café. « On est dans un pays islamique et s’embrasser en public est interdit. Un simple bisou peut mener à autre chose. Ce sont des athées qui agissent contre l’islam », s’est insurgé un contre-manifestant.
« Un succès quand même »
« Pour nous le message est passé, c’est un succès. Il y a des couples et des célibataires, et les couples se sont embrassés en public », a déclaré Ibtissam Lachgar, l’une des organisatrices de ce rassemblement. « Notre message est qu’il y a des gens qui défendent l’amour, la liberté d’aimer et de s’embrasser librement. Ces gens-là étaient présents aujourd’hui », a-t-elle ajouté.
Le rassemblement s’est ensuite déplacé près du marché aux fleurs, avant de se disperser pacifiquement.
Le procès des jeunes adolescents poursuivis pour « atteinte à la pudeur » s’est ouvert vendredi matin mais a aussitôt été ajourné au 22 novembre, avait annoncé l’avocat des adolescents, Me Monaim Fattahi.