Carl Zeiss Vision : après le choc, la mobilisation

Ouest France, 13 octobre 2013 :

Les salariés de Carl Zeiss Vision, qui ont appris la suppression de 150 postes sur le site de Fougères (35), ont débrayé vendredi. Ils protestent contre le plan de restructuration.

Elle a appris la nouvelle il y a déjà quelques heures, mais elle n’en est toujours pas remise. « On a été soufflés, soupire Martine Benmoussa, déléguée du personnel (CFDT). La direction veut supprimer les deux équipes de nuit. Comment feront les salariés qui n’ont pas la possibilité de travailler en journée ? »

La fin du travail nocturne figure au programme du plan de restructuration dévoilé jeudi par la direction aux salariés du fabricant de verres de lunettes. Il y a quelques mois, Carl Zeiss Vision France a perdu son plus gros client, Grand Vision BV. La chute des commandes a été trop brutale.

Sur les 440 postes que compte le site de Fougères, 150 devraient être supprimés ces prochains mois. Le site d’Aubergenville (Yvelines) doit, quant à lui, fermer.

Déception

Pour protester contre cette décision, à l’appel de la CGT (majoritaire) et de la CFDT, les salariés ont débrayé pendant une heure, hier. D’autres rassemblements étaient aussi prévus dans la soirée.

Devant l’usine, la déception se lisait sur tous les visages. Une partie des collaborateurs (notamment ceux qui n’embauchent qu’à 18 h ou minuit) reproche à leur direction de ne pas les avoir informés plus tôt. L’annonce de la restructuration était, en effet, communiquée en exclusivité sur notre site internet ouest-france.fr dès le milieu d’après-midi, jeudi. « L’information a été diffusée le matin aux partenaires sociaux, se défend Nicolas Sériès, PDG. Nous pensions qu’elle ne paraîtrait que le lendemain dans le journal, mais pas sur internet. »

« Nous voulons dire notre colère, s’est aussi exprimé Jacques Thiébaut, délégué CGT. On trouve que 150 postes supprimés, c’est abusif et on regrette que les propositions de diversification d’activité n’aient pas été prises en compte dans le plan de restructuration. On pourrait développer, ici, de la production de lunettes de sécurité, du détourage, des projets logistiques, de nouvelles gammes… On est aussi un des seuls sites à produire des verres en polycarbonate : pourquoi ne pas parier là-dessus et étendre à d’autres pays que la France ? »

Pour Nicolas Sériès, la direction, justement, est « plus qu’intéressée » par certains projets. « Décision a déjà été prise de laisser certains d’entre eux au site de Fougères, comme le détourage ou l’antireflet verre », affirme ce dernier.

Vendredi après-midi, des salariés se sont retrouvés aux Urbanistes pour une assemblée générale. Celle-ci avait été programmée par la CFDT dès l’annonce de la volonté de la direction de recourir au chômage partiel, il y a quelques jours. Ce dernier point figurait toujours à l’ordre du jour. Mais les salariés avaient bien plus de questions sur le Plan de sauvegarde de l’emploi qui se profile pour le printemps que sur les heures chômées de ces prochaines semaines.