Halima est agenouillée, devant plus de 300 personnes au coeur du village isolé de Kookchaheel, au nord-ouest de l’Afghanistan. Agée d’une vingtaine d’années, elle porte un long tchador et attend son heure. Une prière funèbre est prononcée puis son père, placé cinq mètres derrière elle, tire trois balles avec une kalachnikov. Elle s’effondre. Son frère vient pleurer sa mort brutale, devant la foule impassible.

Fin avril, c’est devant 300 villageois qu’un Afghan a exécuté de trois balles de kalachnikov sa propre fille, coupable d’avoir voulu s’enfuir avec un cousin et ainsi «bafoué l’honneur» de sa famille.
Pour le tireur, sa fille avait déshonoré la famille en abandonnant son mari, tentant de fuir avec son cousin. L’histoire commençait à faire du bruit au village, il fallait rétablir l’ordre.
La scène filmée, personne arrêté
Selon l’organisation Amnesty International, cette exécution d’un autre temps a eu lieu le 22 avril dernier, plus de onze ans après la chute du régime intégriste des talibans, tristement célèbre pour ses exécutions publiques de femmes. Cette nouvelle affaire de «crime d’honneur» en Afghanistan suscite d’autant plus l’indignation que personne n’a jusqu’ici été arrêté. Pourtant, tout a été filmé.
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