Le Télégramme, 4 décembre 2012 :
Selon un délégué CGT, au moins 60 salariés nantais sont concernés par le transfert d’activités du site ArcelorMittal de Basse-Indre, près de Nantes, vers celui de Florange, en Moselle. Un transfert que Jean-Marc Ayrault a confirmé, ce mardi. Mais le Premier ministre dément tout accord secret.
Les salariés du site ArcelorMittal de Basse-Indre (Loire-Atlantique) craignent à terme des dommages collatéraux avec le transfert d’activité de leur usine vers Florange en Moselle, une nouvelle confirmée mardi par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
« Ecoeurant »
« C’est écoeurant », déclarait mardi en fin d’après-midi, à la sortie du site Lucas Penet, un sous-traitant pour qui une telle décision va entraîner une baisse de dix salariés de son entreprise sur le site de Basse-Indre. « Pas évident à digérer pour l’instant, ils décalent le problème d’un site à l’autre sans le résoudre réellement ».
Beaucoup de salariés refusent de s’exprimer, visage fermé. « Les gens sont inquiets, ça se comprend », ajoute un salarié employé sur le site depuis 33 ans, mais qui souhaite garder l’anonymat. « C’est juste un effet de manches pour calmer les effets de l’annonce à Florange », ajoute-t-il.
546 CDI et 150 sous-traitants
L’usine de la région de Nantes emploie 546 personnes en CDI et 150 sous-traitants, selon Frédéric Gautier, délégué CGT de l’usine de Basse-Indre. « On était un millier il y a quinze ans », ajoute Mickaël Eveillard, secrétaire syndical CGT. Le site est spécialisé dans la fabrication d’acier plat pour emballages alimentaires, activité aussi présente à Florange (Moselle), et industriels.
« On l’a amère. On pense que le deal entre le gouvernement et Florange n’est pas de bon augure pour Basse-Indre », a déclaré M. Gautier. « Le laminage va disparaître, alors que c’est le coeur de notre métier. Il y a une grosse inquiétude pour l’avenir », a-t-il dit. « Quand Jean-Marc Ayrault dit qu’il a sauvé les deux bassins, il n’a rien fait du tout, car on n’était pas inquiétés » à Basse-Indre, a estimé M. Gautier.
« La cohérence du site est remise en cause »
De son côté, Lionel Bellotti, secrétaire du syndicat FO du site de Basse-Indre a expliqué à l’AFP: « Nous avons deux outils à Basse-Indre, le décapage (suppression de la couche d’oxyde de surface) et le laminage (amincissement des tôles). Ce sont ces deux outils qui seront mis en ‘cocon’, c’est-à-dire en arrêt temporaire à durée indéterminée ».
« C’est la cohérence du site qui est remise en cause. Nous serons amputés de ces deux outils, qui sont en début de chaîne », a assuré M. Bellotti, soulignant aussi que les quelque 60 emplois concernés seront reclassés sur le site, mais que cela implique un « changement de métier ».
« Logique politique plus qu’industrielle »
Pour lui, la décision a été guidée par « une logique politique plus qu’une logique industrielle ». Les activités de finition –l’étamage (dépôt d’une couche de cuivre)– seraient ainsi renforcées à Basse-Indre, même si une des deux lignes d’étamage de Florange serait maintenue, selon une source proche de la direction. Le site de Basse-Indre se concentrerait sur l’acier pour les boîtes de conserve, tandis que celui de Florange fabriquerait de l’acier pour boîtes-boisson (canettes, ndlr).
Pour la CGT de Florange, ArcelorMittal « cherche a casser la solidarité des salariés des différents sites de notre territoire et au-delà ». « Pour cela, il est prêt à déshabiller Paul pour habiller Jacques, les salariés de Basse-Indre ont le sentiment d’avoir été sacrifiés par le gouvernement et Mittal dans l’accord qui a été scellé », ajoute Yves Fabbri pour la CGT de Florange.