Pire vague de répression anti-syndicale en Turquie depuis le coup d’Etat

Actu Kurde, 29 juin 2012 :

« Nous vivons une situation que nous n’avons même pas vu pendant les coups d’État. C’est la première fois qu’un président de confédération est mis en garde à vue depuis le coup d’État de 1980» résume la situation Ismail Hakkı Tombul, le secrétaire général de la confédération KESK, après l’arrestation de 71 syndicalistes kurdes.

La Turquie a connu le 25 juin la plus vaste opération antisyndicale, visant tous les syndicats affiliés à la Confédération des Syndicats des Travailleurs du secteur public (KESK). 71 membres et dirigeants de la confédération dont le président Lami Ozgen ont été arrêtés.

67 syndicalistes sont en prison

28 d’entre eux et elles ont été placés en détention le 28 et 29 juin, tandis que les autres dont Lami Ozgen ont été relâchés. Ce qui porte à 67 le nombre de syndicalistes actuellement emprisonnés en Turquie. Plusieurs d’entre eux et elles sont en prison depuis 2009 sans condamnation, ni preuve.

KESK mène une lutte active pour la conquête des droits des travailleurs du secteur public et contre les politiques néolibérales du gouvernement AKP, parti islamo-fasciste du premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

« Nous ne plierons jamais le genou devant la répression quelque soit le prix à payer (…) Nous poursuivrons notre lutte juste et légitime» a déclaré Lami Ozgen après avoir été libéré.

La pire situation depuis le coup d’État

De son coté, le secrétaire général de KESK Ismail Hakki Tombul résume la situation actuelle de la Turquie avec ses mots : « Nous vivons une situation que nous n’avons même pas vu pendant les coups d’État. C’est la première fois qu’un président de confédération est mis en garde à vue depuis le coup d’État de 1980. Bien que les arrestations soient devenues ordinaires en Turquie cette opération est d’une ampleur sans précédant ».

Les syndicalistes ont été arrêtés dans le cadre de l’affaire KCK, lancée quelques semaines après le succès historique du parti kurde lors des élections municipales tenues en mars 2009. L’usage abusif de la loi anti-terroriste et la campagne de répression sous le nom d’ « opérations KCK » permettent au régime turc de museler tous ceux qui luttent pacifiquement pour les droits des Kurdes.

Plus de 8 mille membres actifs du BDP dont 35 maires et six députés sont actuellement en prison dans le cadre de cette affaire. Chaque jour la Turquie se réveille avec une nouvelle opération d’arrestations et de perquisitions massives, perpétrées au petit matin par les équipes de la police « antiterroriste », ce qui transforme la Turquie en une prison à ciel ouvert.

La co-présidente du principal parti légal kurde BDP, Gültan Kışanak, a déclaré : « A travers cette opération ils disent : ne faites pas de manifestation, ne demandez pas des conventions collectives avec le droit de grève, ne dites rien sinon on vous affichera comme étant membres du KCK ! C’est l’État qui commet un délit en considérant comme des délits les activités syndicales ! »

L’Union syndicale Solidaires exprime son soutien

L’Union syndicale Solidaires exprime son soutien et sa solidarité avec la Confédération KESK. « L’Union syndicale Solidaires exige la libération immédiate des syndicalistes emprisonné-es ; leur seul « délit » est de lutter pour les droits et libertés syndicales, pour la paix et la démocratie, et l’arrêt immédiat de la répression antisyndicale.

L’Union syndicale Solidaires condamne fermement les arrestations arbitraires de syndicalistes, d’étudiant-e-s, de journalistes, de militant-e-s politiques kurdes, ainsi que les emprisonnements de masse opérés par les autorités turques contre le mouvement syndical, associatif, le mouvement kurde, et plus largement contre toute forme d’opposition. »

CSI condamne avec vigueur

Dans une déclaration, la Confédération Syndicale Internationale (CSI) a également condamné avec vigueur « l’attaque en règle » lancée par les autorités turques contre les syndicats.

« Nous ne pouvons admettre que des syndicalistes soient détenus, incarcérés et surtout incriminés sans fondement. Le gouvernement turc doit immédiatement s’abstenir de cataloguer les syndicats en tant qu’organisations terroristes. Les syndicalistes devraient avoir le droit de jouer leur rôle légitime sans crainte d’être arrêtés », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

Dans une lettre aux autorités turques, la CSI a exhorté le Premier ministre Erdogan à veiller à la mise en liberté immédiate et inconditionnelle des syndicalistes détenus.

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