Les ex-salariés de Continental contestent toujours la validité du plan social

Les Echos, 25 juin 2012 :

Le tribunal des prud’hommes de Compiègne repousse sa décision au mois de novembre dans le dossier Continental.

Le licenciement pour cause économique des salariés de Continental Clairoix était-il justifié ? C’est cette question que le tribunal des prud’hommes de Compiègne devait trancher ce lundi, avant d’annoncer le report de sa décision au mois de novembre prochain. Sur les 1.113 salariés licenciés, 526 ont décidé d’assigner la direction du groupe allemand devant les tribunaux pour contester le motif du plan social et exiger jusqu’à quatre ans de salaires de dédommagement : « La crise de 2009 a été un prétexte pour fermer le site de Clairoix, juge un porte-parole du comité de lutte. La preuve : au moment de la fermeture de l’établissement, le groupe a ouvert une usine en Roumanie où les salariés sont payés 400 euros par mois. De plus, le chiffre d’affaires est en hausse, de même que les recrutements dans plusieurs usines. »

Les derniers chiffres du groupe, présentés le 3 mai dernier, confirment une réelle reprise de l’activité : sur le premier trimestre, Continental a enregistré une hausse des ventes de 13 %, soit 8,3 milliards d’euros, son bénéfice net dépassant les 480 millions d’euros. Une croissance qui a permis la création de 3.400 emplois dans le monde : « Si la tendance positive continue dans l’industrie automobile, nous allons créer des milliers de postes dans le monde cette année aussi », a promis Elmar Degenhart, PDG du groupe.

Reclassement : bilan plutôt mitigé

Pas d’embellie, en revanche, pour les salariés de Clairoix. A la fin du mois, la mission de reclassement conduite par le cabinet Altedia s’achèvera sur un bilan plutôt mitigé. Selon le comité de lutte, seuls 250 des 1.130 salariés licenciés ont pu retrouver un CDI et 600 seraient encore inscrits à Pôle emploi, alors qu’un accord signé en juillet 2009 prévoyait un objectif de 80 % des salariés reclassés (à au moins 80 % de leur ancien salaire brut). De quoi renforcer un peu plus la colère des « Conti », qui, le 20 juin, ont tenté d’interpeller le nouveau gouvernement. « Va-t-on trahir la parole donnée et abandonner les travailleurs au drame du chômage de longue durée ? Ce serait indigne », ont-ils écrit au Premier ministre.

Reste que, même s’ils n’ont pas encore gagné, les « Conti » sont déjà l’un des symboles de la crise et, pour certains, de l’échec d’une certaine forme de dialogue social. La fermeture de l’usine, annoncée en dépit d’un accord de compétitivité (instituant le passage aux 40 heures), a en effet contribué à la radicalisation du conflit dont le point d’orgue a été le saccage de la sous-préfecture de Compiègne en avril 2009. Elle a aussi envenimé la gestion d’autres conflits locaux, particulièrement au sein de l’usine Goodyear Amiens nord où la direction semble finalement avoir abandonné son plan social.

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