Libération, 22 juin 2012 :
Ce vendredi, les salariés de ces magasins parisiens étaient en grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.
«C’est la fête ?» Aux Galeries Lafayette parisiennes, la fête de la musique a duré un jour de plus sous les yeux des clients, parfois surpris, souvent blasés. Entre les stands des marques de luxe, défilent une cinquantaine de salariés de l’enseigne, au son des sifflets, des trompettes et de la grosse caisse.
Bas salaires des employés, primes insignifiantes par rapport aux bénéfices réalisés par l’enseigne, les motifs de ce rassemblement sont multiples. Mais un argument revient, porté bien haut par des panneaux : «Avant de gonfler les horaires, gonflez les salaires», «21 heures, 22 heures, non aux sacrifices pour le boulot».
Sur le quai de 9 heures à 22 heures
Les horaires tardifs cristallisent la colère des salariés des Galeries Lafayette. La fermeture du magasin devrait être décalée de 20 heures à 21 heures en semaine, et à 22 heures le jeudi, entre le 27 juin – date des soldes d’été – et le 11 août.
«Déjà quand ils ont étendu les horaires jusqu’à 20h, ils disaient que c’était pour un laps de temps défini…», soupire Babette Boudet, employée depuis 31 ans et déléguée du personnel de la CGT. Comme elle, la plupart des employés craint que cela ne soit étendu définitivement, alors même que les horaires se sont déjà beaucoup dégradés. «Certains managers se retrouvent à gérer des plateaux – des étages entiers – de 9 heures à 22 heures ! », s’indigne Nathalie Queneau, employée syndiquée à la CFDT. «On nous demande beaucoup de flexibilité dans les horaires.»
Le statut particulier des démonstrateurs
« Le problème, c’est que ce n’est pas sur la base du volontariat : certains managers font les plannings eux-mêmes et des salariés subissent des pressions pour travailler tard», dénonce Françoise Ruotte, employée et membre de la CFDT. Deux employées grévistes du plateau bagagerie qui ont préféré rester anonymes acquiescent : «Ce sont les employées qui vont se retrouver à faire la fermeture à 21 ou 22 heures, alors que les dirigeants, eux, à 18 heures, ils seront partis». Le magasin n’est fermé que le jour de l’An, le 1er mai et Noël, ainsi que les dimanches. Une pause dominicale qui a failli sauter : «Les Galeries voulaient passer en zone touristique pour pouvoir ouvrir tous les dimanches mais la ville a refusé», glisse Françoise Ruotte.
Les pressions sont doubles pour leurs collègues des stands, employés à la fois par les Galeries et leurs enseignes parentes. «Je suis contre ces horaires tardifs, reprend Domingo Fernandez, démonstrateur sur le stand de Longchamps. Le problème, c’est que c’est une décision du magasin des Galeries Lafayette qui est imposé aux démonstrateurs ». Sans compter que leurs enseignes parentes ont un autre moyen de pression, souligne Françoise Ruotte : elles peuvent les déplacer aisément sur d’autres points de vente. «C’est pour ça qu’ils sont peu nombreux à manifester.»
Au Printemps, c’est pareil
«Au Printemps, juste à côté (les deux magasins sont distants d’un dizaine de mètres sur le boulevard Haussman à Paris, ndlr), c’est la même chose. Comme ils vendent moins, ils innovent souvent, en matière d’horaires par exemple, et les Galeries suivent…», tempère cette salariée affectée à la sécurité depuis vingt-sept ans.
«Il ne faut pas croire que travailler aux Galeries Lafayette, c’est du luxe », conclut Nathalie Queneau, qui rappelle en souriant qu’elle n’a droit qu’à «15% sur 1/4 des marques». «De toute façon, avec nos salaires, c’est hors de prix.»
Ils était entre 150 et 250 et non pas 50 !
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