Le Quotidien Mutations, 17 août 2011 :
Yaoundé (Cameroun) : Les instituteurs qui observaient un sit-in hier devant le Minedub ont fait face à la riposte des gendarmes et policiers.
Les forces de l’ordre sillonnaient encore la cour du ministère de l’Education de base (Minedub) jusqu’en fin d’après-midi hier, mardi 16 août 2011. Quelques heures après avoir dispersé la cinquantaine d’instituteurs contractuels et contractualisés (Ic) qui observaient un sit-in depuis la matinée devant ce département ministériel. «Vous avez vos réclamations. Tout ce que nous vous demandons, c’est de ne pas barrer l’accès aux usagers. Que tout se passe dans le calme», avait indiqué le commissaire Amougou du premier arrondissement, aux grévistes qui réclament leur intégration à la Fonction publique. Une consigne qui va être scrupuleusement respectée par les manifestants qui avaient ainsi répondu à l’appel à la grève lancé par le Comité national d’intégration 2011 des instituteurs contractuels et contractualisés (Comité I11).
La présence des éléments de la gendarmerie et de la police, qui veillaient au grain, a semblé refroidir les ardeurs des manifestants qui brandissaient de pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Concours=source de corruption, de parrainage et frustration», «15 ans de galère comme Ivac, maîtres des parents et Ic» ou encore «Quelle éducation de qualité pour des enseignants frustrés ?». Pourtant, avant l’arrivée des forces de l’ordre, les manifestants installés des deux côtés de l’entrée donnant accès au Minedub, reprenaient en choeur le refrain d’une musique bien connue du parti au pouvoir, adapté à leur façon : «Nous sommes au Minedub pour notre intégration… Intégration, oui, oui ! Intégration aujourd’hui ou rien !». Ceci, sous les regards des curieux qui, à travers la grille de la clôture ou même dans la cour de ce département ministériel, observaient le spectacle qui s’offrait à leurs yeux depuis 11h30.
«Nous sommes décidés à faire entendre notre voix», fulmine le vice-président du Comité national I11 (Intégration en 2011), Paul Tchatcha, ses camarades assis à même le sol. Des instituteurs venus des quatre coins du pays, apprend-on. «C’est déplorable de traiter les personnes qui sont à la base de l’éducation de cette manière. C’est à se demander quel avenir pour notre pays. C’est l’enfance qui est sacrifiée», rouspète un homme dans la foule qui se fait de plus en plus dense autour des instituteurs contractuels et contractualisés. Quelques heures avant le début du sit-in, les membres du bureau du Comité I11 ont tenté de rencontrer les responsables du ministère de la Fonction publique et de la Réforme Administrative (Minfopra) pour une énième négociation.
«Il n’y a pas eu d’issue avec le ministre Emmanuel Bond qui a promis d’étudier notre cas. Nous savons que c’est en réalité pour faire gagner du temps au gouvernement jusqu’à la date limite de dépôt des dossiers pour le concours de 200 instituteurs lancé par la Fonction publique le 16 juin dernier», indique le président du comité, Thomas Messanga Ngono, soulignant que les Ic soit que le nombre de candidats soit revu à la hausse. Un autre sit-in est prévu ce mercredi 17 août devant le Minfopra.