« Là où les doigts perdus ne coûtent pas cher: Ford en Chine ».

Dépêche AFP, 4 mars 2011 :

L’ONG américaine Institute for Global Labour and Human Rights (ex-National Labor Committee) accuse dans un rapport publié jeudi un sous-traitant chinois du constructeur automobile américain Ford de grave négligences à la sécurité de ses ouvriers.

Illustré par la photo d’une main mutilée où ne reste qu’un index entier et le pouce amputé d’une phalange, le rapport de l’organisation, qui dénonce les abus des entreprises américaines sur les travailleurs de leurs usines à l’étranger, s’intitule « Là où les doigts perdus ne coûtent pas cher: Ford en Chine ».

Il accuse notamment l’usine chinoise de Yuwei Plastics Hardware Products située à Dongguan, en Chine, de forcer ses ouvriers à travailler à des cadences infernales au mépris de leur sécurité.

« Selon les employés (de l’usine de Yuwei), 80% de la production de l’usine est pour Ford » affirme l’ONG dans un communiqué.

« Les ouvriers (de la même usine) gagnent un salaire de base de 80 cents par heure, travaillent pendant 14 heures d’affilée sept jours sur sept ».

Le rapport dénonce notamment la mutilation survenue le 13 mars 2009 d’un ouvrier de 21 ans alors que son « patron avait désactivé le système à infrarouges » anti-accidents d’une machine à emboutir des pièces détachées pour Ford, pour qu’il puisse « travailler plus vite ».

L’ouvrier a eu la main écrasée, 3 doigts amputés et le pouce mutilé, poursuit le rapport, ajoutant qu’il avait été renvoyé car il ne pouvait plus travailler, après avoir été dédommagé à hauteur de 7.430 dollars.

Pour un tel accident, un ouvrier américain toucherait 144.292 dollars, ajoute le rapport de l’ONG, qui demande que l’ouvrier touche la moitié de cette somme.

« Nous prenons ces accusations au sérieux et enquêtons. Ford est très engagé sur les droits de l’homme et la sécurité au travail et nous attendons de nos sous-traitants qu’ils respectent les lois locales et notre code des conditions de travail de base », a réagi Ford dans un communiqué reçu par email.

« Nous essayons de déterminer si (l’usine chinoise) est un sous-traitant direct » ou indirect, a ajouté un porte-parole joint par téléphone, précisant que le constructeur avait 1.500 fournisseurs directs dans le monde et des milliers de sous-traitants indirects en plus.

Lire le rapport en PDF (en anglais) ou ici en HTML

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