Cognac : Onze jours de grève des ouvriers d’Onet

Sud-Ouest, 28 février 2011 :

Le conflit est engagé depuis onze jours au sein du sous-traitant du verrier Verallia, ex-Saint-Gobain. Les négociations reprennent aujourd’hui. Les salariés tiennent bon.

Les Cognaçais sont certes habitués aux arrêts de travail observés devant l’usine de Saint-Gobain, aujourd’hui Verallia. Mais ce qui se joue depuis le 16 février devant le verrier de Châteaubernard dépasse très clairement le cadre des grognes habituelles. Cette fois, c’est un personnel bien différent qui s’oppose. Celui du sous-traitant Onet, soit des personnes payées environ 1 250 euros par mois au lieu des 1 700 que certains ont connu avant que Saint-Gobain ne sous-traite l’affaire des expéditions.

Compte tenu de la privation de salaire engendrée par chaque jour de grève, et alors que leur pouvoir d’achat et au plus bas, ces employés sont généralement condamnés à se taire. « Avant cette grève, le moral était au plus bas. Cela faisait plusieurs mois que les salariés demandaient si on pouvait faire quelque chose pour leur salaire, mais aucun d’entre eux ne pensait un jour devoir faire grève. Maintenant on y est et on tient bon ! », rapportait ce week-end le représentant du personnel cégétiste, Olivier Magique.

Soudés et décidés

Lorsque le piquet sera replanté, à 7 heures ce matin, cela fera dix jours que « les gars » d’Onet auront cessé le travail. « Alors que nous ne nous parlions quasiment plus depuis des mois, nous nous retrouvons très soudés. De toute façon, tout le monde est d’accord, maintenant que c’est engagé, on ne peut pas remonter avec rien », insistait le leader syndical CGT. À l’unanimité, ils ont choisi la méthode douce. Pas de pneus brûlés devant le local syndical prêté par les collègues de Verallia, pas d’affrontement direct avec leur direction, pas de casse. Ils ont poursuivi les négociations sans réagir à « la provocation » suggérée par l’arrivée des « briseurs de grève ». Olivier Magique, 36 ans et déjà près de dix années dans cette usine, ne le sait que trop bien, il s’agit là aussi de « petites mains » d’Onet, « des personnes faibles, aux salaires faibles », convaincues par la direction de pallier les arrêts de travail des camarades en échange d’« une compensation financière certainement modeste ».Seulement voilà, la donne est on ne peut plus claire. Face à l’augmentation du coût de la vie et lorsque l’on gagne à peine plus que le Smic, les primes – aussi modestes soient-elles – sont aujourd’hui suffisamment importantes pour accepter de doubler les copains et ainsi ajouter un peu de beurre dans des épinards premier prix.

Des négociations tendues

Très remontés contre « l’absence de politique salariale du groupe » et contre « ces petits arrangements », ces grévistes-là n’entendent pas pour autant couper la tête de leur direction. Ils revendiquent simplement une augmentation de leur salaire de 200 euros brut par mois. Au sortir de la dernière négociation, la direction a proposé une hausse de 2 % en février, suivie d’une autre de 1 % en juillet, soit 51 euros pour les hauts salaires ; et 2,5 % et 1,5 % pour les bas salaires, soit 50 euros. Olivier Magique a redemandé en retour « une augmentation mensuelle minimum de 5 % avec un plancher de 80 euros et la création d’un treizième mois ». Ceci en misant, question de survie, sur le fait de « pouvoir échelonner les jours de grève sur cinq ou six mois ».

Après plusieurs entretiens avec le directeur du site et le directeur régional, l’avenir se jouera aujourd’hui avec le directeur de la branche manutention et industrie, M. Charles Cappelletti. « Ils ont cru pouvoir nous rouler dans la farine dès le début, mais nous avons résisté. Nous résisterons tout autant face à ce Méditerranéen spécialement dépêché du siège, à Marseille, et qui doit certainement porter de pompes en croco et rouler dans une grosse voiture allemande », prévient le fils du militant communiste décédé la semaine dernière, Lucien Magique.

Deux poids, deux mesures

Cette semaine, l’un des grévistes a été poussé par ses collègues à reprendre le travail. « Il vit seul, avec trois enfants… Non seulement on le comprend, mais on est encore là pour le représenter », précise le responsable syndical. Chez certains autres, « la marmite commence à bouillir ». Leur réalité, ce sont des voitures revendues pour ne plus supporter le coût des assurances. Ce sont aussi des angoisses face aux enfants qui grandissent et à la perspective de ne pas pouvoir payer leurs études…

« Humainement, on comprend… », rétorquerait à demi-mot la direction locale d’Onet que, disons-le tout net, nous n’avons toujours pas réussi à joindre afin de lui demander comment s’était passé le séminaire qui réunissait plus de 20 de ses cadres dans l’un des plus beaux hôtels restaurants du pays de Cognac au moment même de la grève. Nous aussi, on comprend… La logique de la multinationale est ailleurs.

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